Le refus de se soumettre à la pression des traditions / Par Souleymane Djigo

Ramata, à l’âge tendre de 15 ans, avait vécu une enfance marquée par la peur et la résilience. Elle était née à Nouakchott, loin de son village de Touldé, une localité dans la région du Brakna en Mauritanie, où les traditions et les coutumes étaient profondément ancrées. Là-bas, la mutilation génitale féminine était une pratique courante et vieille de plusieurs générations. Ses trois grandes sœurs avaient déjà subi cette douloureuse épreuve, laissant une empreinte indélébile sur leurs vies.

Mais Ramata, par un miracle du destin, avait échappé de justesse à ce triste sort. Cela avait été possible grâce à sa naissance à Nouakchott, où sa mère avait trouvé refuge loin de la pression du village. Cependant, le secret avait été bien gardé, même à Nouakchott, où l’ombre de la tradition pesait encore. C’était sa tante, la grande sœur de sa mère, qui assumait toujours la tâche de faire excuser les fillettes de la famille peu après leur naissance. Mais elle ne savait pas que Ramata n’avait pas subi cette mutilation.

Un jour, le terrible secret éclata. La nouvelle parvint aux oreilles de la tante, qui se sentit trahie et en colère. Elle était sur le point de quitter le village pour se rendre à Nouakchott, déterminée à faire pratiquer l’excision sur Ramata, même si celle-ci avait désormais 15 ans. Les mots ne pouvaient exprimer la terreur que Ramata ressentit lorsque sa tante, celle-là même qui aurait dû la protéger, s’apprêtait à la priver de son intégrité et de sa dignité.

Cependant, Ramata était déterminée à lutter pour son droit à l’intégrité physique. Elle avait entendu parler d’organisations et de personnes à Nouakchott qui s’opposaient à cette pratique cruelle. Elle savait qu’elle devait trouver de l’aide, coûte que coûte.

Le moment de la confrontation arriva, la tension pesait lourdement dans l’air. La tante était déterminée, mais Ramata était résolue. Elle s’enfuit de la maison, courut vers l’une de ces organisations, et plaida sa cause avec un mélange de courage et de larmes.

Heureusement, elle trouva des âmes bienveillantes qui l’aidèrent. Le sort de Ramata prit alors une autre tournure. Sa tante, bien que furieuse, fut finalement persuadée de laisser sa nièce intacte.

Ramata était enfin libre de choisir son propre destin, débarrassée d’une tradition cruelle qui avait tant fait souffrir ses sœurs. Elle était une jeune fille déterminée à poursuivre son éducation et à sensibiliser sa communauté à la nécessité de mettre fin à la mutilation génitale féminine.

Son courage, son refus de se soumettre à la pression des traditions, et son désir de changer les choses furent un témoignage poignant de la force de la résilience et de la détermination humaines, face à l’adversité. Ramata, à 15 ans, avait déjà surmonté des montagnes, et elle était prête à en déplacer encore pour un avenir meilleur.

 

Ramata est un prénom emprunté

 

 

L’histoire est fictive

 

 

Souleymane Djigo

 

 

 

 

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