
Incontestablement le pacte républicain entre UFP-RFD-INSF-INTERIEUR divise l’opposition démocratique en deux blocs, une tendance opposée au système dont une partie est dans l’opposition parlementaire et une tendance avec le système qui regroupe principalement les deux partis signataires.
Cette scission de l’opposition donne encore du carburant au régime de Ould Ghazouani pour affronter la présidentielle de 2024 sur une autoroute dégagée. Cette frange de l’opposition qui pactise avec le pouvoir ne date pas d’aujourd’hui. L’histoire retiendra que c’est l’opposition démocratique sous la houlette de ces mêmes partis qui ont scellé les accords de Dakar en 2008 pour permettre au putschiste général Ould Aziz de se présenter aux élections de 2009 avant de les gagner. Et pendant une décennie de gouvernance, l’ancien président a refusé le dialogue avec cette même opposition et initié une opposition de contribution sous la houlette du leader de l’APP qui occupera la présidence du perchoir avant celle du conseil économique et social et environnemental.
C’est la triste réalité. Hier comme aujourd’hui les observateurs assistent à une composition de l’opposition qui monnaient des postes au gouvernement ou pour leurs progénitures ou leur signature au détriment des intérêts de l’opposition voire du pays. La stratégie de normalisation des relations avec l’opposition par le chef de l’exécutif porte ses fruits. Tous les leaders de l’opposition n’ont pas cessé de faire la queue au palais de Nouakchott jusqu’au moment où de deux des doyens poignardent dans le dos l’opposition permettant ainsi au président Ould Ghazouani d’avoir les mains libres pour assurer la reconduction de son régime en 2024.
Le triple scrutin de 2023 enseigne une assise du pouvoir et un recul de partis traditionnels UFP-RFD-APP absents à l’Assemblée nationale. L’opposition parlementaire qui regroupe la première force de l’opposition le parti TAWASSOUL et les forces montantes de l’AJD-MR, de la coalition Espoir Mauritanie sous la houlette du FRUD et le parti SAWAB, se démarque de cette alliance silencieuse et considère qu’elle est la seule qui représente l’opposition au sein de l’hémicycle. Un pacte républicain sans elle est voué à l’échec. Avec cet accord politique qui ne fait pas l’unanimité Ould Ghazouani réduit les deux grands partis perdants à leur stricte expression quasi incapables de se projeter vers l’avenir. Cette opposition-là est vieillissante et fait le jeu du pouvoir. Dans cette nouvelle configuration, l’opposition mauritanienne a moins de chance de créer les conditions d’alternance en 2024.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 15 octobre 2023)
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