En Autriche, la maison natale d’Hitler transformée en commissariat

Pour en finir avec les pèlerinages à répétition des nostalgiques du nazisme, le gouvernement autrichien s’est résolu à transformer l’encombrante bâtisse de Braunau en commissariat. Les travaux ont commencé mais les débats ne sont pas clos.

Le Monde – Les barrières de chantier ont été installées lundi 2 octobre devant la grande bâtisse aux murs couverts de peinture jaune rongée par l’humidité. Planté en plein centre de Braunau am Inn, petite ville autrichienne de 17 000 habitants accrochée à la frontière allemande, cet imposant bâtiment décati est tristement célèbre pour avoir vu naître Adolf Hitler, en 1889.

Si les travaux avancent au rythme prévu, la maison où il vécut les trois premières années de sa vie – son père était douanier – devrait être transformée d’ici à 2026 en… commissariat. Ainsi en a décidé le gouvernement autrichien en 2019, après des années de tergiversations sur l’avenir de ce lieu de pèlerinage apprécié des néonazis.

« Il faut que le culte et la mythologie autour de la personne d’Adolf Hitler par les extrémistes de droite – qui se rendent parfois spécialement à Braunau pour visiter sa maison natale – cessent durablement », a plaidé le ministère de l’intérieur (droite) en confirmant, en mai, le lancement du chantier. Les travaux ont été repoussés plusieurs fois, en raison des interminables débats sur l’avenir de cet encombrant héritage.

Des saluts hitlériens

Le bâtiment – qui va être entièrement rénové par le cabinet d’architectes autrichien Marte.Marte Architekten – abritera également « un centre de formation aux droits humains » pour les forces de l’ordre. Au-delà de l’aspect symbolique de sa nouvelle destination, c’est bien la présence en continu de policiers qui est censée refroidir ceux qui rendent hommage au responsable de l’extermination de 6 millions de juifs. En janvier 2021, la maison a ainsi abrité un rassemblement de manifestants antivax dont certains ont fait des saluts hitlériens. Soixante-dix-huit ans après la fin de la seconde guerre mondiale, la région reste un fief de l’extrême droite autrichienne.

Appartenant depuis 1912 à la même famille, excepté les années de guerre où elle était utilisée par le Parti nazi comme centre d’exposition, la maison était louée depuis 1972 par l’Etat, pour « empêcher un usage gênant », et hébergeait un centre pour enfants handicapés. Longtemps accusée de vouloir enterrer le passé plutôt que de l’affronter, la mairie a fait ériger en 1989 – à l’occasion des cent ans de la naissance d’Hitler – une pierre commémorative devant le bâtiment. Rappelant les « millions de morts », elle proclame : « Pour la paix, la liberté et la démocratie. Plus jamais de fascisme. »

Après 2011, la maison est restée vide en raison de conflits avec la propriétaire, celle-ci percevant un loyer exorbitant de l’Etat, tout en s’opposant à tous les projets de reconversion avancés par les autorités. L’héritière n’a été ­expropriée qu’en 2016, après l’adoption par le Parlement d’une loi ­permettant de contourner le droit de propriété. Le gouvernement d’alors souhaitait raser le bâtiment, avant de rétro­pédaler face aux critiques.

L’idée d’un musée écartée

« Le monde entier aurait ainsi considéré que l’Autriche avait négligé sa responsabilité historique dans l’avènement du national-socialisme », a estimé une commission en proposant plutôt « une profonde transformation architecturale ».

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(Vienne, correspondant régional)

 

 

 

Source : Le Monde

 

 

 

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