Mauritanie : urgence d’une loi réprimant les violences faites aux femmes et aux filles, un défi majeur du parlement en 2024

L’ouverture de la première session du parlement 2023-2024 cette semaine à Nouakchott intervient dans un contexte de climat politique tendu résultant du pacte républicain quadripartite Intérieur-RFD-UFP-INSAF qui ne fait pas l’unanimité au sein de l’opposition et les polémiques qui relancent le projet de loi réprimant les violences faites aux femmes et aux filles, rejeté par la majorité des chefs religieux.

C’est sans doute le projet de loi réprimant les violences faites aux femmes et aux filles qui s’annonce comme un enjeu majeur du nouveau parlement en 2024. Les Mauritaniens sont divisés par rapport à cette question sensible des droits des femmes qui rencontre des réticences des chefs religieux  se référant à la charia ou la loi islamique sur les violences notamment sexuelles d’un côté et de l’autre une exacerbation des défenseurs des droits humains et des associations pour la promotion des femmes et des filles et la société civile qui réclament une loi pour les protéger et surtout de pénaliser les viols sexuels impunis dont le nombre augmente d’année en année .

Le nouveau parlement issu des élections de 2023 devra faire mieux que l’ancien régime de Ould Aziz qui a échoué deux fois sur cette loi en 2017 et en 2018, rejetée par le parlement. Pour Ould Ghazouani c’est un enjeu de fin de mandat. Mais au regard de la proximité d’un président soufi avec les Oulémas et Imams, ce projet de loi soumis à l’approbation du conseil de la Fatwa risque de revenir avec un rejet. Dès lors avec la demande pressante des familles des victimes et associations nationales féminines le gouvernement devra soumette un projet de loi au parlement en 2024 pour trancher une bonne fois pour toute.

Quant au pacte républicain rappelé par le président de l’Assemblée nationale à l’ouverte de cette première session est considéré par les observateurs comme une parenthèse politique qui va dans le sens d’un arrangement politique entre deux grandes formations de l’opposition perdantes des élections de 2023 et le parti au pouvoir et le gouvernement. C’est un accord qui n’est pas républicain dans la mesure où la viabilité d’un tel pacte a pour finalité la recherche d’un consensus politique national alors que la majorité de l’opposition n’a pas été consultée.

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 04 octobre 2023)

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