Amin Maalouf a été élu secrétaire perpétuel de l’Académie française

Les Immortels l’ont choisi, contre Jean-Christophe Rufin, pour prendre la succession d’Hélène Carrère d’Encausse, morte le 5 août.

Le Monde – Amin Maalouf a été élu secrétaire perpétuel de l’Académie française, jeudi 28 septembre. Il succède ainsi à Hélène Carrère d’Encausse, disparue le 5 août, à ce poste qui fait de lui le 24personnage de l’Etat. Apprécié de tous ou presque dans l’institution du quai Conti, adoubé par la « Tsarine » Carrère d’Encausse, l’écrivain était le seul en lice jusqu’à ce que son « ami » Jean-Christophe Rufin déclare sa candidature, lundi 25 septembre. Il restait cependant le grand favori du scrutin, qu’il a remporté par 24 voix contre 8.

Son histoire comme son œuvre font d’Amin Maalouf un homme passe-frontières, hanté par l’incompréhension qui peut séparer l’Occident de l’Orient. Bien décidé à « saper » et « démolir » ce qu’il a nommé, dans son discours de réception à l’Académie française en 2011, le « mur de la détestation – entre Européens et Africains, entre Occident et Islam, entre Juifs et Arabes », le premier Libanais à siéger sous la Coupole s’est imposé, dès la parution de son premier essai, Les Croisades vues par les Arabes (JC Lattès, 1983), comme un écrivain capable de construire des passerelles entre les cultures et les appartenances. Il ne déteste rien tant que les « crispations identitaires » et le communautarisme.

Et pour cause. Né au Liban en 1949, d’une mère catholique de la minorité grecque melkite et d’un père protestant, petit-fils d’une Turque mariée à un Egyptien maronite, il est élevé en arabe, parle anglais à la maison et effectue sa scolarité à l’école française des jésuites. A 22 ans, il devient journaliste, comme son père, et couvre la chute de Saïgon pendant la guerre du Vietnam, la fin de la monarchie éthiopienne ou encore la révolution iranienne. Passionné par « la marche du monde », il préfère néanmoins la position d’observateur à celle d’homme d’action. Ne souhaitant pas vivre dans un pays en guerre ni s’engager activement pour défendre un camp, il s’installe en France en 1976 après que la guerre civile a éclaté « sous [s]es fenêtres » à Beyrouth, en 1975.

Romans historiques prolongés par des essais

S’il poursuit d’abord, à Paris, ses activités de journaliste, et devient rédacteur en chef de Jeune Afrique, le succès de son premier ouvrage l’incite à se consacrer à l’écriture. Bien lui en a pris, puisque son roman Léon l’Africain (JC Lattès, 1986) devient un best-seller après son passage à Apostrophes. Très documentés, ses romans historiques sont écrits dans un style élégant et fluide. Ses talents de conteur rendent accessible à un large public l’histoire d’un Orient à la fois légendaire et très actuel.

Dans Samarcande (JC Lattès, 1988) encore, et dans Le Jardin des Lumières (JC Lattès, 1991), il raconte l’Orient d’autrefois, dans lequel il trouve matière à mettre en perspective le Moyen-Orient d’aujourd’hui. Auteur à succès, il est consacré en 1993 par le Goncourt, qu’il se voit décerner pour Le Rocher de Tanios (Grasset), une pure fiction où l’histoire croise le mythe. Amin Maalouf parvient à y éviter les écueils de l’orientalisme littéraire. Retenant les leçons du poète persan Omar Kayyam, il invente des textes légers, où la multiplication des événements ne s’accompagne pas d’un excès de pittoresque.

Lire la suite

 

 

 

(Collaboratrice du « Monde des livres »)

 

 

 

 

Source : Le Monde – (Le 28 septembre 2023)

 

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Quitter la version mobile