États-Unis – «Tu couches ou tu paies»

» CHARIVARI. Aux Etats-Unis, de plus en plus d’hommes éconduits après leur première «date» demandent aux femmes de leur rembourser leur part de l’addition. Les bons comptes font les bons ennemis, sourit notre chroniqueuse

Le Temps – Elle est furieuse. Choquée, même. Et a bloqué le malotru sur son téléphone sans même prendre la peine de lui répondre. La cause du courroux ? Après avoir bu un verre avec un homme dans un bar de Brooklyn, Samantha Constanza a décliné le second rendez-vous. Du banal, de l’ordinaire. Sauf que, piqué dans sa fierté ou simplement près de ses sous, le prétendant lui a alors demandé de payer par Venmo (l’équivalent de Twint aux Etats-Unis) le verre qu’elle avait consommé et qu’il avait réglé.

Vous pensez que ce monsieur est un sinistre goujat qui mérite de brûler dans l’enfer des radins? Vous n’avez pas tort. L’ennui, c’est que son cas n’est pas isolé, instruit la chaîne CNBC, relayée par le site 20 Minutes.

 

Et l’amour courtois alors?

 

En raison du coût de la vie qui flambe et, sans doute, de la courtoisie qui flanche, les demandes de remboursement à la suite d’une non-concrétisation sont légion, assure la chaîne américaine. On est bien face à une «nouvelle tendance». Et donc aux antipodes de l’amour courtois du XIIe siècle où le preux chevalier faisait le siège de sa belle pendant des mois en espérant un simple regard d’elle… Aujourd’hui, c’est plutôt «tu couches ou tu paies».

A la décharge de ces mufles, un sondage de LendingTree, marché de prêts en ligne, évalue «un premier rencart, boisson et repas, à 77 dollars, en général réglés par l’homme». Une somme qui commence à compter lorsque le geste conquérant est répété. Dès lors, l’addition est considérée «comme insupportable, s’il n’y a pas un retour sur investissement». Elégant.

Bien sûr, depuis le début de cette chronique, vous vous dites qu’au temps de l’égalité des sexes, il y a une solution simple à ce problème: que chacun paie sa part pour qu’il n’y ait aucune dette cachée. C’est là que les choses se corsent. Car, vu que les rapports homme-femme sont loin d’être déconstruits, les attentes des deux protagonistes restent assez traditionnelles.

 

«Surdater» et s’endetter

 

Après une rapide consultation dans mon entourage, la pratique veut encore que l’homme régale au début. «Si on propose de payer son verre ou son repas, on passe vite pour une féministe radicale ou une control freak et ça casse l’ambiance», assure Marina, une amie quinqua. Pareil chez les jeunes. «Ouais, c’est encore assez admis qu’on paie. En tout cas, les premières fois», confirme Maximilien, 26 ans. «Et c’est clair que si tu dates beaucoup, c’est un petit budget!» pointe le jeune homme.

Elle est là, LA solution ! Dans Le Chaos de la séduction moderne, Nathalie Brignoli note que les hommes qui chassent sur internet cumulent les rendez-vous pour maximaliser leurs chances, tandis que les femmes auraient plutôt tendance à se focaliser sur une rencontre en ligne qu’elles se réjouissent de concrétiser le moment venu.

Dès lors, plutôt que de surdater et s’endetter, les mâles pourraient se concentrer sur une conquête et l’inviter sans amertume financière. Dans le cas contraire, s’ils alignent les rendez-vous et exigent un retour sur investissement, qu’ils m’expliquent ce qui différencie leur drague du sexe tarifé.

 

Marie-Pierre Genecand

 

 

 

Source : Le Temps (Suisse)

 

 

 

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