Mauritanie :  Ould Ghazouani perd son pari sur la transparence des marchés publics

La dernière réforme du code des marchés publics en Mauritanie remonte en décembre 2021. Après deux ans de gouvernance c’est un pari pour Ould Ghazouani qui entend mieux faire que son prédécesseur qui octroyait 89 pour cent des marchés pour la mise en œuvre des projets d’infrastructures sur le mode de marchés de gré à gré sans appels d’offres.

 Cette nouvelle loi entend se conformer aux procédures des marchés correspondant aux standards régionaux et internationaux. Autrement dit en simplifiant les règles régissant la passation, l’exécution, le contrôle et le règlement des marchés publics. Cette volonté politique de changer les règles se heurte à la réalité d’un pays gangréné par des forces clientélistes qui agissent même à proximité de la présidence.

Deux ans après l’adoption de cette nouvelle loi plus de la majorité des appels d’offres nationaux et internationaux sont entre les mains du patronat mauritanien et des proches de Ould Ghazouani qui raflent les marchés de gré à gré. La transparence des choix et l’égalité d’accès aux marchés publics ne sont pas entièrement respectés par le gouvernement de Ould Bilal face aux inondations et à l’accès difficile à l’eau potable à Nouakchott et à l’intérieur du pays, les deux grosses tâches noires du quinquennat.

La grande gagnante de cette politique du favoritisme d’Etat est la société Bis TP du patron des patrons sur tous les fronts et qui accapare maintenant les marchés sur les évacuations des eaux pluies et l’accès à l’eau potable. Le génie militaire est un autre concurrent sur le marché des lotissements à Nouakchott et l’assainissement à Boghé. C’est la commission de passation des marchés publics qui est pointée du doigt dont l’autorisation est toujours requise dans le cadre de la passation des contrats de partenariat public-privé.

Les Mauritaniens assistent ainsi à un contournement de la loi d’un gouvernement affairé à préparer la candidature de Ould Ghazouani à sa propre succession en 2024. Un objectif qu’il entend bien mener tranquillement mais c’est sans compter le regard des observateurs.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 05 septembre 2023)

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