Afrique – Pas au même coup / Par Tijane BAL

Même s’ils font tous mal, les coups se suivent sans se ressembler. Or, comme lassés ou désenchantés, «les» Africains entonnent volontiers le refrain : Encore un… Et en sourdine : c’est qui le suivant ?

 Au fait, qui ? Biya ? Rapport à l’âge et à la longévité ?

A propos d’âge, tout se passe comme si Ali Bongo était un nonagénaire au pouvoir depuis 40 ou 50 ans. On en oublierait presque que Bongo Jr n’est âgé «que» de 64 ans et au pouvoir « seulement » depuis 2009. Le 16 octobre très précisément. Au vu des circonstances, le prochain anniversaire pourrait avoir un goût de cendre.

C’est que ‘homme du Noise’ cumule le handicap de la maladie et, pour le coup, celui de l’héritage. Spontanément, lui sont décomptées les années de règne de son paternel. Le résultat est l’impression d’un Ali Bongo gouvernant depuis son 8ème anniversaire en 1967. Une sorte d’empereur Pu Yi avec 5 ans de plus.

Le coup d’Etat qui l’a déposé est un cas d’école. C’est un putsch synthèse qui brasse les traits de ses congénères de la période récente. C’est un coup d’Etat militaire ressemblant en cela à ce qui s’est passé au Mali, en Guinée, au Burkina et au Niger.

N’en déplaise à l’opposant Ondo Ossa, la caractérisation de «Révolution de palais » n’enlève rien à la nature militaire de l’opération. Elle signifie tout au plus que celle-ci a été réalisée à circuit fermé. Au putsch du Niger, celui du « général» Bongué (Brice Oligui Nguéma) emprunte le fait d’avoir été ourdi par un ancien chef de la Garde en disgrâce.

En Guinée aussi, c’est un ancien homme de confiance qui prit les choses en main. Avec le coup du Tchad, le putsch gabonais a en partage la dimension dynastique. A une différence de taille : dans un cas, l’objectif est de perpétuer le règne dynastique alors que dans l’autre, il s’agirait d’y mettre un terme.

Autre point commun avec la geste de Deby, les 2 faits n’ont pas l’heur de déplaire à l’ancienne puissance tutélaire, bien plus contrariée par les événements malien, burkinabé et nigérien. On peut isoler le coup gabonais et confronter ceux ayant eu lieu au Mali, en Guinée, au Niger et au Burkina.

Dans ce dernier pays, c’est un ancien ami de l’ex puissance coloniale qui avait été renversé par des putschistes «raisonnables» puis par des plus «radicaux» à la faveur d’un coup dans le coup.

Au Mali, la victime avait, à peu de choses près, un profil proche de l’ancien ami burkinabé. L’un et l’autre avaient représenté de bonnes solutions de repli à des pouvoirs à bout de souffle et n’avaient pas vocation à renverser la table. Sauf que le Malien, comme son compère guinéen, lui aussi évincé par ses soldats, semblaient manifester une certaine mauvaise humeur vis à vis de la « Métropole ».

Militaires maliens, guinéens, burkinabé et nigériens se retrouvent sur la même ligne, celle les Anti. Il va sans dire que le président nigérien renversé se rangeait, lui, résolument dans la catégorie des Pro. Ce qui fait ipso facto de ses tombeurs des anti suivant la logique connue mais pas implacable : les ennemis de mon ami sont mes ennemis. Cela étant, on n’est pas obligé d’apprécier l’activisme des putschistes africains au seul prisme post colonial. D’autres lectures sont évidemment possibles. et même souhaitables.

 

 

Tijane BAL pour Kassataya.com

 

 

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