Courrier international – Jusqu’à ce coup d’Etat, condamné par la France, ce pays d’Afrique centrale riche en pétrole était dirigé depuis plus de 55 ans par la famille Bongo.
Ali Bongo, qui a succédé à son père en 2009, a été placé en résidence surveillée « entouré de sa famille et de ses médecins », et l’un de ses fils, Noureddin Bongo Valentin, a été arrêté notamment pour « haute trahison », ont annoncé les militaires putschistes à la télévision d’Etat.
Une série d’arrestations ont également visé six autres hauts responsables du régime, tels le directeur de cabinet de M. Bongo et son directeur adjoint, des conseillers de la présidence ainsi que les numéros un et deux du tout-puissant Parti démocratique gabonais (PDG).Une série d’arrestations ont visé six autres personnes
© Gabon 24/AFP |
Le chef de la garde présidentielle, le général Brice Oligui Nguema, a quant à lui été porté en triomphe par des centaines de militaires, selon des images diffusées par la télévision d’Etat.
Les réactions internationales à ce nouveau coup d’Etat dans un pays d’Afrique francophone n’ont pas tardé: la Chine a appelé à « garantir la sécurité d’Ali Bongo » tandis que la France, ex-puissance coloniale, a « condamné le coup d’Etat militaire en cours ». La Russie a fait part de sa « profonde préoccupation ».
« Défendre la paix »
Juste après l’annonce officielle dans la nuit de la victoire de M. Bongo avec 64,27% des voix, un groupe d’une douzaine de militaires était apparu sur les écrans de la chaîne de télévision Gabon 24, abritée au sein même de la présidence.
Réunis au sein du « Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), ils ont « décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place », a annoncé un de ces militaires, colonel de l’armée régulière. « A cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés », a-t-il ajouté.
Parmi les militaires figuraient des membres de la garde républicaine (GR), garde prétorienne de la présidence reconnaissable à ses bérets verts, ainsi que des soldats de l’armée régulière et des policiers.
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Les militaires ont notamment estimé que l’organisation des élections n’avait « pas rempli les conditions d’un scrutin transparent » et ont dénoncé « une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale, risquant de conduire le pays au chaos ».
Ils ont annoncé la dissolution de toutes les institutions du pays et la fermeture des frontières du Gabon « jusqu’à nouvel ordre ».
Les sept hommes arrêtés par les putschistes incarnent la « jeune garde » qui formaient un groupe de très proches et influents conseillers du chef de l’Etat depuis le retour d’une longue convalescence de M. Bongo à la suite d’un AVC en 2018.
L’opposition et la société civile accusaient régulièrement les membres de cette « jeune garde » d’être devenus les véritables dirigeants du pays parce que, selon elles, Ali Bongo était très affaibli par les séquelles de son AVC.
Ce coup d’Etat est intervenu en plein couvre-feu et alors qu’internet était coupé dans tout le pays, deux mesures décrétées par le gouvernement samedi avant la fermeture des bureaux de vote afin de parer selon lui à d’éventuelles « violences ».
Internet a été rétabli peu après 07H00 GMT.
Peu après la lecture de la déclaration des militaires, des journalistes de l’AFP ont entendu des tirs d’armes automatiques dans plusieurs quartiers de Libreville. Ces tirs, sporadiques, ont rapidement cessé.
« Le Gabon est libéré »
Dans le quartier populaire Plein Ciel de Libreville, non loin du centre, un membre du personnel de l’AFP a vu une centaine de personnes sur un pont, à pied ou en voiture, crier: « C?est la libération ! » ou encore « Bongo dehors! ». Au son des klaxons, ils ont salué et applaudi des policiers en tenue anti-émeutes au visage masqué.
Libreville (AFP)
Source : Courrier international
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