Le Soleil – La plupart des pêcheurs ont mis pied à terre ces derniers jours. À cause de la clôture de la saison de pêche, ils sont tous là sur le rivage à se raconter leurs péripéties et autres mésaventures au cours de leurs activités. D’autres se livrent à des réparations de moteurs ou encore des pirogues endommagées.
Dans le village traditionnel de Kayar, peuplé principalement de gens de mer, les choses marchent au ralenti. Cette localité de la région de Thiès reste l’un des sites les plus importants du Sénégal en matière de pêche artisanale. « Pendant la saison, les gens viennent de partout du Sénégal et de la sous-région pour travailler à Kayar. D’ailleurs, c’est le seul site où il existe encore la pêche du jour », explique Baye Ndongo Niang, l’un des responsables du village. Ses propos sont d’ailleurs confirmés par son vis-à-vis, Pathé Dieng, avec qui il est assis sur le quai de pêche. « Ici, vous pouvez aller en mer tôt le matin et revenir le soir avec une valeur de 1 à 2 millions de FCfa de poisson », ajoute Pathé qui est aussi conseiller spécial du maire de la commune.
En effet, la mer de Kayar est connue pour être très poissonneuse. Ce qui n’empêche pas les pêcheurs de la localité de veiller sur la pérennité de la ressource. Kayar et Yoff restent les deux localités où la pêche avec le monofilament est strictement interdite. « Souvent, ce qui nous oppose avec les autres pêcheurs, c’est l’utilisation du monofilament.
C’est illégal du point de vue de la loi, mais l’État ferme les yeux en laissant les autres faire des commandes à l’extérieur et l’utiliser sur la mer. Je ne peux pas comprendre cela », estime Baye Ndongo Niang, ancien navigateur à la retraite. La nécessité de la préservation de la ressource est connue de tous. Surtout par les 2000 pirogues recensées, dont 1.302 immatriculées. « Nous avons trouvé que nos grands-parents accordaient une grande importance à la préservation de la ressource et nous faisons tout pour suivre leurs pas », assure Mor Mbengue, responsable du Comité local de la pêche artisanale (Clpa) de Kayar.
Contrairement à leurs autres collègues pêcheurs qui mettent tous leurs ennuis sur le dos de la pêche industrielle, les Kayarois font la promotion d’une « pêche responsable ».
C’est d’ailleurs en vertu des recommandations faites par le fondateur du village, Jaraaf Mbor Ndoye, que tout ce qui se fait sur l’eau de mer est surveillé comme du lait sur le feu. Ce dernier, originaire de Kaay Findiw, un quartier lébou de Dakar, était une fois venu à Mbidieum, un village situé à quelques kilomètres de Kayar. C’est de là qu’il entendit un bruit qu’il voulut coute que coute découvrir. Ses pérégrinations le mènent alors à Kayar. « Une fois arrivé ici, il a vu la mer et a commencé à pêcher. Il en sortit du poisson qu’il va mettre sur le feu avant de le manger », explique le vieux Pathé Dieng. Selon ce dernier, c’est après s’être bien rassasié que le vieil homme se dit « Kar Yar » ; d’où le nom de Kayar. Une création qui remonterait vers 1874.
« Qui ne risque rien n’a rien »
Aujourd’hui, même si le secteur de la pêche demeure important, les Kayarois sont aussi de grands agriculteurs. Dans la zone des Niayes, Kayar reste l’un des principaux sites de production de pommes de terre. « On cultive de la pomme de terre certes, mais aussi de la carotte et toutes sortes de légumes comme le chou, le navet, l’aubergine ou encore le concombre », renseigne Cheikh Dione, agriculteur et vendeur de fertilisants. Selon lui, chaque année, il sort des champs de Kayar plus de 35.000 tonnes de pomme de terre.
Maguette NDONG et Arame NDIAYE (Textes)/Assane SOW (Photos)
Source : Le Soleil (Sénégal)
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