
Réalisée par Kalista Sy et produite par le groupe Marodi, cette série (qui comptera trois saisons) explose les compteurs. Diffusée sur la chaîne privée 2sTV, elle est aussi mise en ligne sur la plate-forme YouTube, où aucun épisode ne descend en dessous de 2 millions de vues, certains dépassant même parfois les 6 millions dans ce pays d’Afrique de l’Ouest de 18 millions d’habitants.
Il faut dire que le scénario change des traditionnels feuilletons télévisés. Cinq femmes – toutes des personnages hauts en couleur – sont au cœur de l’intrigue, qui se déroule à Dakar, la capitale. Marème Dial, le personnage principal, vit une histoire d’amour cachée avec un homme d’affaires, Cheikh Diagne, déjà marié à Lalla, à qui il a promis qu’il ne prendrait jamais de seconde femme. Lalla Ndiaye incarne l’épouse traditionnelle et serviable, qui tombe dans la dépression en apprenant l’infidélité de son mari. Sa belle-sœur, Dialika Sagna, femme active, doit, elle, gérer son mari violent et alcoolique, quitte à aller jusqu’au divorce. Une de ses amies, Dior Diop, jeune femme indépendante, est victime d’un mariage forcé. Enfin, Racky Sow, cheffe d’équipe dans le bâtiment, lutte contre ses démons avant de commencer une liaison amoureuse alors qu’elle a été violée étant plus jeune.
Autant d’histoires qui permettent d’aborder, en wolof, des thématiques taboues tandis que règne le sutura (« discrétion ») dans la société sénégalaise, musulmane et très croyante.
Lettres de menaces
Ce qui est nouveau ? Que le quotidien de ces femmes soit raconté avec un regard féminin. « Dans le paysage cinématographique, les femmes étaient soit soumises, soit hypersexualisées. Il n’y avait pas de juste mesure », observe la scénariste Kalista Sy, qui avoue s’être inspirée de la série ghanéenne An African City (2014-2016) ou de la pionnière américaine Sex and the City (1998-2004). « Je me demandais si cette liberté dans le ton, cette désinvolture et ces problématiques pouvaient marcher ici », se souvient la showrunneuse, qui explique que les téléspectateurs étaient davantage habitués à voir des femmes libres dans des productions étrangères, sans imaginer qu’il était possible de les transposer dans la société sénégalaise. Le personnage de Marème Dial (Khalima Gadji), grande séductrice, surprend par exemple par son franc-parler, loin des conventions.
« On parlait rarement de sexe ouvertement dans les téléfilms ou les séries. Ici, les mots exacts sont utilisés, rien n’est caché dans le contenu ni dans les gestes. La série a révélé au grand jour ce qui se cachait dans la société sénégalaise, qui est très pudique », observe Fatou Kiné Sène, journaliste culturelle et présidente de l’Association sénégalaise de la critique cinématographique.
Source :
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com