[Feuilles d’hivernage] – – Immersion à Yang-Yang : La dernière capitale du Djolof orpheline de son passé glorieux

Le Soleil – « Yang-Yang ». Le nom est rempli d’histoires. Situé à une soixantaine de kilomètres, au nord-ouest de Linguère, cette bourgade est devenue très célèbre pour avoir été la dernière capitale du Djolof après Thieng, Dakhar Seïkou, Ndiayène Kher, Warkhokh, entre autres, mais aussi celle du Cercle de Linguère jusqu’en 1935. Si Yang-Yang a eu la chance de survivre à l’épreuve du temps, elle pleure aujourd’hui son passé glorieux. 

Pour rallier Yang-Yang, l’une des capitales les plus connues de l’empire du Djolof, il faut parcourir, à partir de Dahra, une route latéritique cahoteuse de plus de 40 kilomètres. À l’entrée du village, un peu plus à droite, d’immenses dunes de sable sont perceptibles. Ce sont les restes des tributs versés deux fois par an par les royaumes vassaux (Cayor, Baol, Sine, Saloum et Walo), jadis sous le contrôle du puissant empire du Djolof, selon certaines informations recueillies. « Cette configuration de la ville procéderait de la volonté des souverains d’antan de percevoir distinctement de loin l’ennemi et d’aller à son assaut en cas d’attaque », nous confie-t-on.

Aux pieds de cette montagne, se dresse une mosquée inachevée marquant le passage du fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, dans la zone. Mais les travaux sont à l’arrêt depuis plusieurs décennies. À l’image des locaux de la Mairie dont le chantier a subi le même sort depuis 2017. « Les raisons, il faut les demander à l’Agetip (Agence d’exécution des travaux d’intérêt public contre le sous-emploi) », lâche, d’un ton ferme, le maire de la commune. Birame Sène s’empresse de préciser que cela n’impacte pas le travail de l’équipe municipale.

Un peu plus à l’intérieur, le décor est morose. À 12h, ce mardi 11 juillet, les rues sont désertes. Que des arbres et quelques animaux qui profitent des premières herbes issues de la pluie de l’avant-veille. Yang-Yang ressemble à une ville fantôme. Difficile de croire qu’on est dans l’ancienne capitale de l’empire du Djolof, royaume qui a joué un rôle de premier plan dans l’histoire du Sénégal.

Selon Djiby Diaw, historien, c’est le « Burba » Djolof Bakane, Tam Khary Dialor, qui, dans les années 1860, délocalise la capitale de l’empire à Yang-Yang. Cette petite bourgade de moins de 500 âmes a aussi été érigée, plus tard, en chef-lieu d’arrondissement par le Président Senghor. Il nous revient que, jusqu’en 2010, elle faisait partie de la communauté rurale de Mbeuleukhé. Depuis cette date, la sous-préfecture a été érigée à Yang-Yang, au détriment de Mbeuleukhé, devenue commune, et pourtant démographiquement et économiquement plus importante.

Aujourd’hui, la localité porte encore visiblement le vestige d’un temps révolu, les signes d’un long passé historique de dynasties et figures emblématiques de l’histoire du Sénégal. La gigantesque résidence royale construite en 1899 pour le dernier « Burba Djolof », Bouna Alboury Ndiaye, est fermée provisoirement pour des travaux de réfection. C’est une infrastructure militaire traditionnelle dont l’architecture est inspirée de celle qui faisait la fierté des Mansa mandingues et de Maba Diakhou Ba du Rip. Pour réaliser l’ouvrage, nous confie un habitant des lieux, « un contingent de 3.000 hommes avait été mobilisé à travers tout le Djolof ». Le Tata est bâti stratégiquement sur une butte afin que les combattants puissent apercevoir l’ennemi de loin et défendre avec succès la place. Il accueillait la case du « Burba », celle des femmes ainsi que celle de la reine mère.

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Samba Oumar FALL, Salla GUÈYE (textes) et Ndèye Seyni SAMB (photos)

 

 

 

Source : Le Soleil (Sénégal)

 

 

 

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