RFI – Lancée en 2007 par l’Union africaine, le projet de la Grande muraille verte prévoyait de planter des végétaux en masse dans 11 pays du Sahel, du Sénégal jusqu’à Djibouti, pour restaurer 100 millions d’hectares d’ici 2030 et lutter contre la désertification. Une initiative aussi sociale et créatrice d’emplois. Mais plus de 15 ans plus tard, seulement 5 % du projet a été réalisé… Besoins de financement, changement climatique : les freins au projet sont nombreux. Comme en Mauritanie, où le territoire est touché à 80 % par la désertification. Reportage dans la commune de Taguilalet.
À 200 km de la capitale, dans la commune de Taguilalet qui vit principalement de l’élevage, les dunes grignotent du terrain de jour en jour. Pour ralentir leur avancée et reverdir le Sahel, l’initiative de la Grande muraille verte prévoit de planter 20 000 arbres sur un site voisin cet été.
L’occasion pour Sidina Ely, le directeur général de l’Agence nationale de la Grande muraille verte, d’intéresser de nouveaux investisseurs car plus que jamais, il faut mobiliser les financements : « Il est important que le secteur privé s’implique. Il y a beaucoup d’opportunités comme le maraîchage, la production d’arbres fruitiers, la valorisation des produits forestiers non ligneux… On peut faire beaucoup de choses avec ».
Mettre les populations au cœur du projet
Car quinze ans après la mise en place du projet de restauration des terres, l’initiative peine à décoller et les freins sont nombreux. Parmi ces freins : le manque d’eau exacerbé par les périodes de sécheresse et le manque de dispositifs pour irriguer les terres.
Il faut aussi rendre l’initiative attractive pour que les populations se l’approprient, comme avec cette ferme communautaire. Ici, 121 femmes font du maraîchage, de l’arboriculture, élèvent des poules et vivent de leur production tout en s’impliquant en parallèle dans l’activité de reboisement. Ce sont elles qui s’occupent des plants d’arbres qu’elles planteront plus tard.
Une initiative qui a changé la vie de Salmé Sambé, formée sur place : « Nous produisons des pastèques, des carottes, de la gomme arabique ou du pain de singe. On était beaucoup de femmes dans la commune à ne rien faire et maintenant on a ce projet qui nous rapporte beaucoup d’arbres et de légumes ».
Une ferme qui leur permet aussi de générer des revenus grâce à l’épicerie communautaire et les missions temporaires de reboisement. « Tous les gains de la boutique sont pour nous. Et en plus, les gens de la commune bénéficient de produits locaux et frais comme le poulet local », explique Aicha Ambouha.
Mais pour que l’initiative fonctionne, explique Ousmane Abou Niane, le chef d’antenne du projet, il faut aussi dialoguer avec les éleveurs et délimiter les zones d’intervention : « Il y a toujours eu des problèmes entre éleveurs et cultivateurs mais ils comprennent aussi l’objectif, il y a un intérêt pour tout le monde. Donc ils vont à côté. Si on ne dialogue pas avec eux, on ne peut rien faire. S’ils ne sont pas d’accord, ça ne marche pas ».
Source : RFI
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