Au Sénégal, le surf pour émanciper les femmes

« Surf, la nouvelle vague africaine » (4). La surfeuse professionnelle Khadija Sambe pousse les jeunes filles à briser les codes pour s’imposer dans un milieu essentiellement masculin.

Le Monde – D’un coup sec, Khadija Sambe pousse au large la planche de son élève. Une fois lancée sur la vague, celle-ci se dresse maladroitement sur ses jambes, avant de tomber dans la mer la tête la première. « On rame, on accélère, on pousse et take off ! », lui crie la monitrice de 28 ans, de l’eau jusqu’aux hanches et une casquette noire vissée sur ses longues tresses pour se protéger du soleil brûlant en ce milieu de journée.

Sur la plage de Ngor, à Dakar, Khadija Sambe représente l’école féminine Black Girls Surf (BGS), qui prône l’émancipation féminine par le surf et vise à ce que les femmes noires soient mieux représentées dans ce sport. Le programme a été créé en 2014, en Californie, par la surfeuse américaine Rhonda Harper, et une dizaine d’écoles existent désormais à travers le monde, notamment en Amérique du Sud et en Afrique.

C’est à Dakar qu’a été ouverte la première antenne à l’étranger, en 2019, quand « coach Rhonda » a rencontré Khadija Sambe, l’une des premières femmes sénégalaises à surfer au niveau professionnel dans le pays. Après avoir commencé toute seule à l’âge de 13 ans, contre l’avis de ses parents, « Khadjou » a pris des cours dans un club. Devenue monitrice sur la plage de Yoff, elle a alors été repérée par Rhonda Harper, qui l’a prise sous son aile et l’a emmenée s’entraîner sur les vagues californiennes.

« Je me sens comme une sirène »

De retour au Sénégal, Khadija Sambe a voulu donner aux filles de son pays la chance qui lui a été offerte. Elle prodigue des cours bénévolement, toutes les semaines, et même tous les jours pendant les vacances scolaires. Aujourd’hui, entre 60 et 100 filles participent au programme au Sénégal, ce qui en fait l’un des plus grands camps de BGS au monde.

« Nos entraînements sont gratuits et sont les mêmes à travers le monde : fitness, techniques de surf, comment être une athlète professionnelle, comment chercher des sponsors ou être juge de compétitions », détaille Rhonda Harper au téléphone depuis les Etats-Unis. Son mantra : « Tu ne peux pas devenir ce que tu ne vois pas. En Afrique, l’enjeu de BGS est de convaincre les parents, qui sont plus frileux qu’aux Etats-Unis, de laisser leurs filles aller à l’eau. »

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(Dakar, correspondance)

Source : Le Monde – (Le 03 août 2023)
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