ivoiriens, ces restaurants de rue, n’acceptent de diffuser que trois types de programmes télévisés : les clips musicaux, les matchs de football et le concours de Miss Côte d’Ivoire. Pour ce dernier événement, les spectateurs qui n’ont pas eu la chance ou les moyens de se procurer une place à l’hôtel Ivoire, à Abidjan, se réunissent en famille ou entre amis dans les bars et restaurants. Pas question d’en manquer une miette : c’est la plus grande audience de l’année pour la chaîne publique RTI… et une source inépuisable de plaisanteries.
– Les maquis« Comment elle se tient, elle ? On dirait elle vient faire palabre ! », tacle une jeune spectatrice dans l’un des bars de l’Allocodrome de Cocody. Physique, maquillage, coiffure, tenue, démarche… Toutes les candidates passent à tour de rôle sur le gril. Et sur les réseaux sociaux, c’est encore pire. « C’est la soirée du braisage ! » (c’est-à-dire de la critique ou du commérage), plaisante-t-on sur Twitter. Difficile depuis 2021 d’égaler en popularité Olivia Yacé, élue Miss Côte d’Ivoire cette année-là et devenue l’an dernier deuxième dauphine de Miss Monde.
Les spectateurs de l’hôtel Ivoire, filmés en arrière-plan par les caméras de la RTI, en prennent aussi pour leur grade : qui dort, fait la grimace ou porte une tenue jugée de mauvais goût est impitoyablement épinglé. Les dignitaires des premiers rangs n’y échappent pas. « Ils sont venus choisir leur prochaine maîtresse », ironise une commerçante du maquis, mains campées sur les hanches et sourcils froncés.
Depuis sa création en 1956, le concours traîne la réputation sulfureuse d’offrir une vitrine pour mettre de superbes jeunes femmes à la disposition des puissants du pays. Rencontres arrangées ? Proxénétisme ? Les accusations ont atteint leur paroxysme quand Linda Delon, élue Miss Côte d’Ivoire en 2000, a épousé Aboudramane Sangaré, un ministre de l’ancien président Laurent Gbagbo, de trente-six ans son aîné.
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