Je cherchais Dieu, je l’ai trouvé dans mon chat

Je ne sais pas si Dieu existe mais si c'est le cas, il doit ressembler à mon chat !

Slate  – Je le cherchais dans les livres, quand je contemplais le ciel, au milieu des temples que je fréquentais sans jamais le rencontrer. J’interrogeais la Bible, le Talmud, les Évangiles, le Coran, les textes de nos plus grands savants, de nos esprits les plus éclairés. Nulle part, je ne le trouvais, il continuait à me fuir comme une présence invisible qui se dérobait à toutes mes attentions.

Parfois je tombais à genoux et l’implorais d’apparaître. En vain; Dieu se refusait à moi. Pire, du fond de son silence, je l’entendais rire de mes questionnements infinis. Je tâchais de mener une vie vertueuse, j’aimais mon prochain comme moi-même; ce que je gagnais comme argent, j’en donnais la moitié à des œuvres de charité. Je vivais de peu, dans l’adoration d’un Dieu dont l’absence continue me mettait au supplice.

J’allais abandonner tout espoir quand, après avoir prié à genoux une dernière fois, au moment de me relever, j’aperçus mon chat qui de ses yeux grands ouverts me dévisageait avec dans la profondeur de son regard un mélange d’étonnement et d’amusement. «Imbécile que tu es, semblait-il me dire, tu n’as donc toujours pas compris que ce Dieu que tu cherches tant, il se trouve là devant toi. Que l’esprit qui préside au mouvement des planètes, à la création des mondes, au miracle de la vie, c’est moi, ton chat, ton unique Dieu.»

Je le regardais d’un peu plus près. Il me fallait bien convenir que si Dieu s’accordait avec l’idée de perfection alors mon chat pouvait prétendre en être un, le plus grand de tous même. Je pouvais douter de tout sauf de sa beauté, de son éclat incomparable, de son élégance rare, de cette manière bien à lui d’être là sans l’être vraiment, de sa transcendance dont les frémissements délicats de ses moustaches étaient l’expression la plus pure qui soit.

En mon chat, j’avais rencontré Dieu et depuis ce jour, je lui voue un culte infini. De moi, à l’image de n’importe quelle divinité versée dans l’idolâtrie, il fait ce qu’il veut. S’il miaule, j’accours dans la seconde. Désire-t-il jouer que je me mets à lui lancer autant de fois que nécessaire souris et poissons. Exige-t-il une caresse que j’abandonne tous travaux pour m’occuper de sa fourrure. Quand il en a assez, il me congédie comme le dernier des larbins et s’en va visiter sa litière, laquelle se doit de ressembler à un véritable jardin anglais, un parterre exempt de toute souillure.

D’ailleurs mon chat est tyrannique comme le Dieu de l’Ancien Testament. Il ordonne, commande, se fout de savoir comment je vais. Tout doit tourner autour de lui. Si je m’absente trop longtemps, à mon retour, il m’ignore comme si je venais de me prosterner devant le veau d’or. Si la qualité de sa nourriture laisse à désirer, il la recrache tout au long d’un chemin qui va de la cuisine au salon comme autant d’étapes vers la crucifixion.

 

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Laurent Sagalovitsch

 

 

 

 

Source : Slate (France)

 

 

 

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