
J’ignore ce qui est plus tragique pour un peuple. Est-ce l’absence de conscience politique surtout au sein de sa jeunesse ? La division ?
S’habituer à l’inacceptable au point de ne plus rien attendre de l’Etat et du futur c’est cela la manifestation la plus violente de l’apathie. Le patriotisme que certains arborent en brandissant les photos d’une Mauritanie multiculturelle à chaque tension n’en n’est pas un, c’est une fourberie. Le patriote véritable vit la nation plurielle chaque jour dans sa citoyenneté. Dans son travail. Dans son discours. Dans son rapport avec les siens.
Dans son langage. Il refuse toute entreprise de division même lorsque celle-ci l’arrange et arrange sa communauté. Il s’éloigne de ses proches aux idées séparatistes. Il s’indigne. Il s’insurge avec ses moyens, par la langue ou par l’action comme prescrit par sa religion. Lorsque ceux qui incarnent l’action publique n’ont aucune volonté politique d’ériger le sens de la justice et de l’équité dans toutes les institutions de la République, ils sont alors contre tous les citoyens sans exception. Ils croient conforter les uns mais au contraire, ils les cloisonnent dans l’ignorance la plus grande. Ils privent tout le monde d’un Etat juste. Vous êtes un rejeton national et pas un patriote lorsque vous vous obstinez à dire que tout va bien alors que tout va mal. Vous êtes cancérigène surtout pour les générations futures.
Certains ont de la voix et de la force pour combattre la langue française mais demeure muet face à l’injustice. Que de passion ! Ici il ne s’agit plus de blanc ou de noir mais de la légitimité de l’Etat. Un État qui doit rendre compte sur la gestion des ressources naturelles, sur les politiques publiques, sur ses engagements internationaux, sur des solutions face à cette précarité violente. Il s’agira de questionner la légitimité dans une totalité.
La Légitimité du pouvoir constituant qui a engendré le texte fondamental, de la justice, de ce processus électoral atypique et même des acteurs religieux qui brillent à travers un silence insolent. La fourberie c’est user de la loi de Dieu comme feuille de route nationale et de ne pas s’y conformer. La justice sociale doit régner dans la cité de Dieu. Des milliers parmi nos compatriotes sont privés de leurs droits les plus fondamentaux, ils appartiennent à toutes les composantes ethniques. Tout leur est inaccessible même leur mauritanité. Nous les côtoyons chaque jour.
La violence policière est le résultat d’un appareil sécuritaire bousillé par plusieurs facteurs, d’une formation qui ne dresse pas assez l’importance de l’ordre public et de l’intérêt général. C’est le résultat du désordre, la « vowda », une réalité nationale qui symbolise l’identité de l’administration. Certains individus ne sont pas supposés porter un uniforme, cela est flagrant, ils en n’ont ni l’éthique ni le savoir. Pourvu que cette jeunesse embrasse le même le chemin contre vents et marrés. Elle seule a la solution.
Aissata Ahmedou Tidjane Bal
Juriste en droit public Conseillère politique
(Reçu à Kassataya.com le 06 juin 2023)
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