Le HuffPost – « Le championnat qui appartenait autrefois à Ronaldinho, Ronaldo, Cristiano et Messi appartient aujourd’hui aux racistes. » C’est par ces mots forts que l’attaquant brésilien du Real Madrid, Vinicius Junior, a condamné les insultes racistes dont il a été la cible dimanche 21 mai alors que son équipe affrontait celle de Valence (1-0) en Liga.
Durant tout le match, le public du stade Mestalla a insulté le joueur brésilien. Des doutes subsistent sur la teneur des insultes, mais l’entraîneur madrilène, Carlo Ancelotti, dit avoir entendu le stade crier « mono », soit « singe » en espagnol. Un journaliste a quant à lui précisé en conférence de presse que les spectateurs criaient en fait « tonto », qui signifie « imbécile ».
Autour de la 70e minute de jeu, Vinicius a pointé du doigt un supporter, puis les joueurs sont allés rapporter les faits à l’arbitre, qui a par la suite interrompu la rencontre pendant plusieurs minutes. Finalement, une échauffourée entre l’attaquant brésilien et Hugo Duro a conduit à l’expulsion de « Vini » à la 90e+7, mais l’arbitre a décidé de ne pas sanctionner Duro.
« La Liga espagnole a un problème avec le racisme »
L’entraîneur italien du Real Madrid Carlo Ancelotti a déploré que « la Liga a un problème avec le racisme » après les insultes proférées dimanche à Valence contre le Brésilien. « Penser à faire sortir un joueur pour cause de racisme, ça ne m’était jamais arrivé. Ce qui s’est passé aujourd’hui nous est déjà arrivé, mais de cette manière, non. C’est inacceptable. La Liga espagnole a un problème avec le racisme. Et le problème, ce n’est pas Vinicius. Vinicius est la victime. Mais il y a un problème très grave », a lancé Ancelotti en conférence de presse.
« Pourquoi pensez-vous que l’arbitre a interrompu le match ? Parce que le public criait “imbécile” à Vinicius ? Non. L’arbitre a interrompu le match parce qu’il a ouvert le protocole de racisme », a poursuivi l’Italien.
« Je lui ai demandé (à Vinicius, ndlr) s’il voulait continuer à jouer, et il voulait continuer. L’arbitre m’a dit qu’il devait aussi continuer, qu’il allait appliquer le protocole si cela se reproduisait. Mais cela s’est reproduit, parce que quand il l’a expulsé sur carton rouge, tout le stade s’est mis à chanter “singe, singe” … Cela ne peut pas continuer… Je suis très triste », a encore regretté Carlo Ancelotti.
« Ce n’était pas la première fois, ni la deuxième ni la troisième »
Vinicius Junior a finalement exprimé sa colère dans un communiqué publié sur Instagram après le match. « Ce qu’ont gagné les racistes, c’est mon expulsion. Ce n’est pas du foot. C’est la Liga. Ce n’était pas la première fois, ni la deuxième ni la troisième. Le racisme est normal en Liga. (…) Je suis vraiment triste », a déploré le jeune joueur brésilien.
Le patron de la Liga, Javier Tebas, a réagi sur Twitter aux accusations de Vinicius Junior. « Puisque ceux qui devraient le faire ne vous expliquent pas ce qu’il en est et ce que peut faire LaLiga en cas de racisme, nous avons essayé de vous l’expliquer, mais vous ne vous êtes présenté à aucune des deux dates convenues que vous avez vous-même demandées », a-t-il déclaré. « Avant de critiquer et d’insulter LaLiga, vous devez vous informer correctement Vinicius. Ne vous laissez pas manipuler et assurez-vous de comprendre les compétences de chacun et le travail que nous avons fait ensemble ».
S’en est suivie une réponse exaspérée du joueur : « Une fois de plus, au lieu de critiquer les racistes, le président de LaLiga apparaît sur les médias sociaux pour m’attaquer. Vous avez beau parler et faire semblant de ne pas lire, l’image de votre ligue est ébranlée. Regardez les réponses à ses posts et laissez-vous surprendre… L’omettre ne fait que vous rendre égal aux racistes. Je ne suis pas votre ami pour parler de racisme. Je veux des actions et des sanctions. »
Dans un communiqué, le président de la FIFA, Gianni Infantino, a exprimé sa « pleine solidarité » vis-à-vis du Brésilien : « Il n’y a pas de place pour le racisme dans le football ou dans la société et la FIFA soutient tous les joueurs qui se sont retrouvés dans une telle situation. »
Il a ensuite rappelé les trois étapes mises en place lors des compétitions organisées par la FIFA en cas d’insultes racistes : « Premièrement, vous arrêtez le match. Dans un second temps, les joueurs quittent le terrain et le speaker annonce que si les attaques continuent, le match sera suspendu. Le match recommence, puis, troisièmement, si les attaques continuent, le match s’arrêtera et les trois points iront à l’adversaire », a indiqué le président de la FIFA.
Le président brésilien Luis Inazio Lula da Silva a publiquement condamné le « racisme » contre Vinicius. « Il a été attaqué. On l’a traité de singe », s’est-il indigné pendant une conférence de presse à Hiroshima (Japon). « Il n’est pas possible, en plein XXIe siècle, d’avoir des préjugés raciaux aussi forts dans autant de stades de football », a-t-il ajouté.
Source : Le HuffPost Avec AFP
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