Aksoum était un partenaire commercial de premier plan pour Rome, notamment car les précieuses marchandises en provenance du Sri Lanka transitaient par le port aksoumite d’Adoulis avant de partir vers le nord et les ports romains de la mer Rouge. Mais il fallut attendre la fin du Ve siècle pour que l’Empire romain prenne à son tour l’initiative d’établir le contact avec Aksoum – par le biais d’un juriste épris de voyage et originaire de Thèbes –, puis l’an 530 pour qu’un empereur byzantin envoie des ambassadeurs à Aksoum.

Les Aksoumites, qui avaient dépêché des émissaires à Constantinople dès 362, répondirent à cette main tendue en envoyant deux délégations à sa cour en 532 et en 549, avant que l’essor des empires musulmans n’annonce le déclin de la domination aksoumite et byzantine sur les pourtours de la mer Rouge.

L’âge d’or d’Al-Andalus

 

Tandis que les empires musulmans d’Afrique concentraient leurs activités diplomatiques sur le Proche-Orient, l’émergence d’Al-Andalus (l’ensemble des territoires espagnols sous domination musulmane) au VIIIe siècle incita d’autres régions africaines, outre la Nubie et Aksoum, à partir à la découverte de l’Europe.

 

Carte de l’expansion d’Al-Andalus au XVIè siècle

 

Dans un récit du XIIe siècle particulièrement instructif, on découvre ainsi l’arrivée de voyageurs africains dans le sud-ouest de l’Europe, peu de temps après celle des Nubiens par l’est. “Aujourd’hui, [le Ghana] est peuplé de musulmans, notamment des savants, des juristes, des lecteurs du Coran qui sont devenus des figures de référence dans leur domaine. Plusieurs de leurs dirigeants sont venus jusqu’à Al-Andalus”, écrivait le géographe andalou Al-Zuhri, qui a retracé l’adoption de l’islam dans l’empire du Ghana.

D’autres récits viennent confirmer la présence d’Africains en Espagne, notamment ceux d’Ibrahim Al-Kanemi, un intellectuel formé au Ghana, qui s’est installé en Espagne – où il est mort vers 1211 – après une brillante carrière de grammairien à Marrakech, la capitale de l’empire almohade [qui gouvernait à l’époque le Maghreb et Al-Andalus].

 

Des Nubiens au Royaume des Francs

 

L’empire d’Éthiopie, établi sur l’autre rive du continent africain, noua quant à lui des contacts directs avec les royaumes du sud de l’Europe dès le XIVe siècle, et une communauté d’intellectuels locaux finit par s’établir de façon permanente à Rome.