Des présidents africains prêts à mener une initiative de paix en Ukraine

L’homme d’affaires français proche de la présidence du Congo-Brazzaville, Jean-Yves Ollivier, est l’artisan de cette initiative surprise de médiation entre Moscou et Kiev menée par six chefs d’Etats africains.

Le Monde  – « Ce n’est que le début du début. » Jean-Yves Ollivier, le principal artisan de la dernière initiative de paix africaine à destination de l’Ukraine, se garde de toute euphorie. Homme d’affaires qui a fait fortune dans le négoce des matières premières et homme de l’ombre – celle qui convient dans les initiatives diplomatiques parallèles –, le Français sera dimanche 21 mai à Moscou accompagné d’émissaires sénégalais, ougandais et sud-africain. Il tentera de faire avancer son idée de médiation de six chefs d’Etats africains (Egypte, Sénégal, Zambie, Afrique du Sud, Ouganda et Congo-Brazzaville) entre la Russie et l’Ukraine.

Intime du président congolais Denis Sassou-Nguesso et de nombre de présidents africains, compagnon de route de leaders historiques du parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC), Jean-Yves Ollivier, 78 ans, a lancé cette initiative, discrètement, en décembre 2022 pour « trouver une solution pacifique » à la guerre en Ukraine.

Elle a été révélée, mardi 16 mai, au grand public par Cyril Ramaphosa, le président sud-africain, lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a affirmé que Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, ses homologues russe et ukrainien, avaient « accepté de recevoir la mission et les chefs d’Etat africains, à Moscou et à Kiev ». « J’ai convenu [avec eux] de lancer les préparatifs », a-t-il poursuivi, précisant s’être entretenu au cours du week-end avec les deux belligérants lors d’« appels téléphoniques séparés ».

« Les dates restent à confirmer, mais les six chefs d’Etat feront la navette entre les deux capitales afin de faciliter les pourparlers de paix », a précisé mercredi, Zane Dangor, directeur général du ministère des affaires étrangères sud-africain. Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a évoqué le lendemain un déplacement des dirigeants africains en Russie « entre mi-juin et début juillet ». Joint par téléphone, Jean-Yves Ollivier n’est pas plus précis : « Il faudrait que cela se tienne au plus vite, et avant le sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg [prévu du 26 au 29 juillet]. »

Proposer une position médiane

Le principal obstacle à cette initiative réside dans la position des belligérants qui ne donnent aucun signe d’apaisement propice au dialogue. Les missiles russes continuent de pleuvoir sur les villes ukrainiennes, tandis que Kiev poursuit les préparatifs d’une contre-offensive d’ampleur. La visite à Kiev, mercredi, du médiateur chinois, Li Hui, ancien ambassadeur à Moscou, a souligné de nouveau l’éloignement des positions des uns et des autres.

Le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a rappelé que son pays n’accepterait aucune proposition impliquant le « gel du conflit ». Il exclut ainsi tout dialogue tant que les troupes russes ne se seront pas retirées de tous les territoires occupés. Moscou, de son côté, exige que Kiev reconnaisse l’annexion russe de la péninsule de Crimée et des régions ukrainiennes de Donetsk, Kherson, Lougansk et Zaporijia.

« Les chances d’aboutir sont faibles, mais toutes les initiatives de paix sont bonnes à prendre et, à la différence des Européens ou des Américains, les Africains souffrent indirectement de ce conflit mais n’ont pas d’intérêts directs à défendre », explique une source diplomatique de l’Union africaine (UA). Les responsables du continent impliqués dans cette initiative seraient aussi, collectivement, en mesure de proposer une position médiane reflétant leurs votes du 23 février à l’ONU sur la résolution non contraignante exigeant « le retrait immédiat » des soldats russes d’Ukraine.

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, tenus au courant de l’avancée du dossier, ont quant à eux exprimé leur soutien « prudent », a indiqué Cyril Ramaphosa. A Paris, la plus grande prudence est de rigueur. « Nous avons toujours encouragé nos interlocuteurs africains à parler avec Kiev et pas seulement avec Moscou. Et nous avons toujours encouragé les Ukrainiens à parler aux Africains », précise la présidence française.

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Source : Le Monde 

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