
Courrier international – C’est dans cette basilique byzantine rose du IVe siècle, qu’il a convertie en mosquée en 2020, que le chef de l’Etat clôturera une campagne menée tambour battant, à coups d’invectives et de menaces à peine voilées, formulées par lui-même et son entourage, à l’encontre de son opposant social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu.
« Tout l’Occident est devenu fou ! Mais je l’ai fait ! », s’est-il vanté samedi devant ses partisans à propos de la conversion de Sainte-Sophie.
Le « Reis », 69 ans, régulièrement reconduit par les urnes depuis 2003, a promis vendredi de respecter le résultat des élections présidentielle et législatives auxquelles sont appelés 64 millions d’électeurs, non sans juger la question sur ce point « complètement idiote ».
« Nous sommes arrivés au pouvoir par la voie démocratique, avec le soutien de notre peuple: si notre nation prend une décision différente, nous ferons ce que la démocratie exige. Il n’y a rien d’autre à faire », a-t-il assuré, visiblement en colère, lors d’une interview télévisée, diffusée en soirée simultanément sur la plupart des chaines du pays.
© AFP Affiches de campagne à Hatay, ville touchée par le séisme de début février en Turquie, le 12 mai 2023 |
Néanmoins, la crainte de dérapages violents demeure dans les grandes villes après une série d’incidents survenus dans la dernière ligne droite d’une campagne ultra-polarisée, obligeant son adversaire à porter un gilet pare-balles sous son costume lors de ses derniers meetings de campagne.
Le bus du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, star du parti CHP (social-démocrate) dirigé par M. Kiliçdaroglu et puissant atout de sa campagne, avait été caillassé dimanche à Erzurum en Anatolie orientale.
« Etes vous prêts ? »
Kemal Kiliçdaroglu, rentré à Ankara, conclut sa campagne samedi par une visite symbolique au mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne et laïque.
Ekrem Imamoglu menacé d’une peine de prison dont il a fait appel, mouillera encore sa chemise samedi au cours de quatre rencontres publiques dans la capitale économique dont il a pris la tête en 2019.
Au contraire du pouvoir autocratique « d’un seul homme », Erdogan, dénoncé par l’opposition, son principal adversaire de 74 ans propose en cas de victoire une direction collégiale, entouré de vice-présidents représentant les six partis de la coalition qu’il emmène, de la droite nationaliste à la gauche libérale.
« Etes-vous prêts pour la démocratie dans ce pays ? Pour ramener la paix dans ce pays ? Moi je le suis, je vous le promets », a-t-il lancé vendredi, lors de son dernier grand meeting, sous un ciel déchainé entre éclairs et coups de tonnerre à Ankara.
© AFP Le candidat de la coalition d’opposition à la présidentielle turque, Kemal Kilicdaroglu, à Ankara, le 12 mai 2023 |
« Je te promets » est d’ailleurs son slogan de campagne, le refrain des chansons de ses partisans: retour à l’état de droit et au régime parlementaire, séparation des pouvoirs, libération des dizaines de milliers de prisonniers politiques, juges, magistrats, intellectuels, militaires et fonctionnaires emprisonnés pour « terrorisme » ou « insulte au président ».
Istanbul (AFP)
Source : Courrier international
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