Baba Commandant, chasseur dozo et roi de l’afrobeat mandingue au Burkina Faso

Le chanteur et joueur de n’goni, qui se produira le 20 avril à Montreuil, fusionne l’héritage de Fela Kuti et les rythmes traditionnels du Mandé.

 Le Monde  – Mamadou Sanou a 6 ans quand il entend pour la première fois chanter le père de l’afrobeat, Fela Kuti. A Dioulassoba, le vieux quartier en terre rouge de Bobo-Dioulasso, dans l’ouest du Burkina Faso, il fouille dans les vinyles qu’un commerçant a rapportés du Ghana. Il tombe sur une pochette étrange. Un homme y est assis en slip moulant, entouré de choristes aux seins nus dessinant les contours de l’Afrique. C’est Shakara, le disque culte du musicien nigérian.

 

Le riff nerveux de la guitare, le solo psychédélique du clavier, la voix de Fela Kuti chantant en pidgin… « Je ne comprenais rien à ce qu’il disait mais je me suis mis à danser », se rappelle Mamadou Sanou, alias « Baba Commandant ». Le Burkinabé est alors trop jeune pour aller à l’école, mais il a déjà la fièvre de l’afrobeat. Il rêve de « chanter comme Fela » et passe son temps à danser.

Au Burkina Faso, loin des clubs mythiques de Lagos, l’artiste est aujourd’hui l’un des rares héritiers du « Black President » à fusionner l’afrobeat des années 1970 aux rythmes du Mandé, terre des griots et des chasseurs traditionnels située dans le sud de l’actuel Mali et l’est de la Guinée. Plus connus outre-Atlantique que dans leur propre pays, Baba Commandant et son groupe, The Mandingo Band, se produiront jeudi 20 avril à Montreuil (Seine-Saint-Denis) dans le cadre du festival Banlieues bleues et d’une tournée d’une trentaine de dates aux Etats-Unis et en France.

Chapeau à grigris

En attendant, c’est au Sport Bar, l’un des plus anciens bars à orchestre de Ouagadougou, qu’on le rencontre. Le saxophone hurle, la piste de danse s’enflamme, les corps vibrent dans une sorte de transe. Baba Commandant, le regard habité, jubile derrière son n’goni, la guitare des dozos, les chasseurs traditionnels de l’ouest du pays.

« C’est un instrument mystique. Quand je le touche, il me parle, je lui réponds, c’est sa vibration qui me fait chanter », glisse le musicien de 49 ans, énigmatique. Descendant du chef coutumier des Bobo et proche de la confrérie dozo, Mamadou Sanou défend l’héritage de la musique mandingue de ses ancêtres. Sur scène, il s’accompagne d’un balafon et ne quitte pas son n’goni et son chapeau à grigris de chasseur.

Le Bobolais n’a jamais appris la musique, il est « tombé dedans petit », raconte celui qui, à 8 ans, est devenu le plus jeune danseur d’une troupe de la ville après avoir fait irruption sur scène lors d’un spectacle et impressionné le public. « Petit Madou », surnom que lui donneront les habitants au lendemain de sa performance, a grandi aux rythmes des cérémonies des masques et aux sons des « longas », des tambours traditionnels.

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(Ouagadougou, correspondance)

 

 

 

 

Source : Le Monde 

 

 

 

 

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