
n aéroport flambant neuf, construit à grand renfort de prêts chinois. En s’envolant samedi 1er avril de Lusaka, la capitale de la Zambie, c’est peut-être la dernière image qu’a emportée avec elle la vice-présidente américaine, Kamala Harris. Au long de sa tournée en Afrique, qui l’a aussi conduite au Ghana et en Tanzanie, Mme Harris n’a pas cessé de saluer la « créativité » du continent, tout en appelant à la fondation d’un nouveau « partenariat ». – U
Mais ces formules enthousiastes ne doivent pas masquer l’arrière-plan géostratégique du déplacement : celui d’une compétition tous azimuts entre les Etats-Unis et la Chine, dont l’Afrique est l’un des terrains d’affrontement. Encore plus à l’heure où le conflit russo-ukrainien conduit à la sédimentation de blocs antagonistes.
Sur le continent, Pékin a un net coup d’avance. La vice-présidente américaine a pu le constater en Zambie, où les entreprises chinoises ont construit à tout-va, ces quinze dernières années, routes, ponts, terminaux, stade… Il en va de même dans une bonne partie de la région. En deux décennies, les échanges commerciaux de la Chine avec l’Afrique ont été multipliés par près de trente. Ils sont aujourd’hui quatre fois plus importants que ceux des Etats-Unis avec les pays africains.
La Chine est ainsi parvenue à sécuriser ses accès aux ressources stratégiques dont le sous-sol de l’Afrique est richement doté : pétrole au Gabon ou en Angola, bauxite (pour l’aluminium) en Guinée, cuivre en Zambie, uranium en Namibie… Et, de plus en plus, cobalt et lithium, ces matières premières cruciales pour la transition énergétique et la mise au point des voitures électriques. En République démocratique du Congo (RDC), qui assure plus des deux tiers de la production mondiale du cobalt, la quasi-totalité des mines est déjà passée sous contrôle chinois.
Rattraper le temps perdu
L’administration de Joe Biden s’en inquiète et tente de reprendre la main. La preuve avec le mémorandum d’entente signé en décembre 2022 avec la RDC et la Zambie. L’accord vise à développer dans ces deux pays une chaîne de valeur complète autour des batteries pour les véhicules électriques, depuis l’extraction des minerais jusqu’à la fabrication industrielle. Le tout, fait-on valoir à Washington, selon une logique d’accompagnement et non – suivez mon regard – de pure exploitation.
Avec la fin de l’ère Trump, les liens semblent bel et bien pouvoir se resserrer entre les Etats-Unis et l’Afrique. Après des années marquées par le désintérêt et les offenses – l’ex-président américain était allé jusqu’à traiter ses partenaires africains de « pays de merde » –, son successeur se met en quatre pour rattraper le temps perdu.
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– (Le 06 avril 2023)
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