Il y a 45 ans, un pharaon a pris l’avion

France InterLa momie de Ramsès II est restée intacte pendant trois millénaires, mais en 1976 on découvre qu’elle est menacée par des champignons. On la fait alors venir en France pour la soigner. À l’occasion de l’exposition « Ramsès & l’or des pharaons », des égyptologues ont raconté cette aventure scientifique.

 

À l’époque, le président de la République Valéry Giscard d’Estaing avait dû faire preuve de diplomatie pour convaincre son homologue égyptien : « Me Desroches Noblecourt m’a demandé d’intervenir auprès du président el-Sadate pour que les Égyptiens acceptent que la momie vienne en France. Donc j’ai accepté de lui en parler. Il m’a dit « Il n’en est pas question ». Je lui ai dit : « Mais si vous le faites, nous traiterons la momie de Ramsès II comme c’est le corps d’un souverain ». Cette idée l’a frappé ».

Le professeur Balout, responsable de l’opération à l’époque, témoigne : « On a été vraiment impressionnés, il faut le dire. On était à la fois dans une église et dans une salle d’opération. C’était le silence, et on regardait. [… Cette momie] représente une chose qui est unique dans l’histoire de l’humanité et dont la valeur n’est pas appréciable : un homme qui a vécu il y a 32 siècles… Le service des douanes m’a demandé de chiffrer sa valeur marchande. J’avoue que je n’ai trouvé aucun barème permettant de le faire, ce n’est pas possible.« 

 

La première visite officielle d’un pharaon en France

 

Et sur le tarmac de l’aéroport du Bourget, il y avait des ministres pour accueillir cette momie, ainsi que la garde républicaine. On lui avait déroulé le tapis rouge, au sein de l’hymne égyptien. « On raconte« , précise Bénédicte Lhoyer, « que c’était la première fois qu’on jouait de la musique pour quelqu’un qui n’entendait pas« . On a fait passer la momie de Ramsès II devant l’obélisque de la Concorde, cet obélisque qu’il avait érigé devant le temple de Louxor…

Puis la momie est passée entre les mains des scientifiques parce qu’il fallait la soigner. Bénédicte Lhoyer expique : « Il y a eu une colonisation de champignons au musée du Caire, c’était passé à travers la vitrine… Et on commençait à voir apparaître des tâches la momie.

Une étude a montré que c’était en fait extrêmement grave : la momie était grignotée, irrémédiablement. Soixante-treize scientifiques se sont penchés sur la momie. On allait perdre un roi absolument exceptionnel, donc il a fallu trouver une solution pour sauver la momie, mais sans la manipuler, sans la toucher, sans faire le moindre prélèvement.

Et on a trouvé la solution  : irradier la momie et la cuve aux rayons gamma, de façon à stopper la colonisation, à stériliser l’ensemble ».

C’est en souvenir de ce geste de la France qu’on reçoit aujourd’hui le cercueil de Ramsès II, exposé à la Grande Halle de la Villette jusqu’en septembre. La momie, en revanche, trop fragile, n’a pas refait le voyage.

Scientifiques au chevet de la momie de Ramsès II, au Musée de l'Homme à Paris en novembre 1976
Scientifiques au chevet de la momie de Ramsès II, au Musée de l’Homme à Paris en novembre 1976

© AFP

À cette occasion, on a appris plein de choses sur le pharaon

 

Bénédicte Lhoyer raconte : « Ramsès II est mort nonagénaire. Malheureusement, il a eu une fin de vie un peu compliquée. Il avait une dégénérescence osseuse, donc il était tout bossu à la fin de sa vie. Et il avait également un abcès dentaire qui s’était vraiment aggravé.

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Source : France Inter – (Le 05 avril 2023)

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