Donald Trump, premier ancien président américain à être inculpé

Un grand jury d’un tribunal de New York a voté en faveur de l’inculpation au pénal de l’ancien président, jeudi. Candidat à la primaire républicaine, il devrait se rendre dans les prochains jours au parquet de Manhattan. Il dénonce une « chasse aux sorcières ».

 Le Monde  – Donald Trump entre dans l’histoire par une porte qu’il aurait préféré éviter. Pour la première fois, un ancien président américain est inculpé au pénal par un grand jury, formé à New York. L’enquête concerne la façon dont Donald Trump, à l’approche de l’élection présidentielle de 2016, avait acheté le silence d’une actrice de films X, avec laquelle il aurait eu des relations sexuelles. La presse américaine a révélé l’information en fin d’après-midi, jeudi 30 mars, provoquant une déflagration politique. Le bureau du procureur de Manhattan, Alvin Bragg, a confirmé dans la soirée que les avocats de l’ancien président avaient été contactés pour déterminer le jour où ce dernier devrait « se livrer », sans doute en début de semaine prochaine.

Ce moment inédit était attendu, dès lors que Donald Trump avait dénoncé son inculpation de façon préventive dès le 18 mars, suscitant ensuite une confusion sur les intentions du procureur. Evoquant, jeudi, dans un communiqué, une « chasse aux sorcières » et une « persécution politique », Donald Trump entre dans une phase inédite de sa vie publique. Dans les jours à venir, il devra se soumettre au prélèvement de ses empreintes digitales et se faire photographier comme un prévenu. Grand favori des primaires républicaines en vue de l’élection présidentielle de 2024, il s’apprête à imposer, une nouvelle fois, une épreuve majeure de résilience à la démocratie américaine. Après l’assaut de ses partisans contre le Capitole, en janvier 2021, le voici entraînant le Grand Old Party dans une campagne contre l’institution judiciaire.

Pour l’heure, les chefs d’inculpation exacts retenus contre Donald Trump ne sont pas connus. Leur publication officielle pourrait n’intervenir qu’au moment de la première comparution de l’ancien président devant un juge, qui décidera d’une éventuelle caution et remise en liberté, cette dernière étant jugée très probable par les experts. A l’origine de cette affaire se trouve le paiement en liquide de 130 000 dollars effectué par l’ancien avocat et homme à tout faire de M. Trump, Michael Cohen, au bénéfice de Stormy Daniels, vedette de films X, peu de temps avant l’élection présidentielle de novembre 2016. L’accord, destiné à acheter le silence de la jeune femme sur sa liaison avec le milliardaire en 2006, avait été révélé par le Wall Street Journal en janvier 2018.

 

Au moment de leur rencontre sur un tournoi de golf dans le Nevada, en 2006, M. Trump était un simple entrepreneur et une vedette de télévision, où Stormy Daniels, de son vrai nom, Stephanie Clifford, espérait percer. Il avait 60 ans, elle, 27. Il venait de devenir à nouveau père, grâce à Melania, sa troisième épouse. Stormy Daniels rêvait d’apparaître dans l’émission de télé-réalité The Apprentice.

 

Paranoïa et violence verbale

 

Pour le procureur de Manhattan, ce n’est pas le paiement lui-même qui constitue un délit ou un crime potentiel, mais son maquillage au titre de frais juridiques dans les comptes de campagne de Donald Trump. Une fois élu, ce dernier a remboursé les 130 000 dollars à Michael Cohen en chèques. M. Cohen, qui a plaidé coupable de violation des lois sur le financement électoral en 2018, fait figure de témoin central. En début de semaine, l’ancien directeur du journal National Enquirer, David Pecker, a aussi témoigné devant le grand jury. Il est soupçonné d’avoir facilité l’accord entre Donald Trump et Stormy Daniels.

 

Sa publication avait auparavant consenti un paiement de 150 000 dollars pour acheter l’exclusivité d’une autre affaire sexuelle impliquant Donald Trump, cette fois avec une vedette du magazine érotique Playboy, Karen McDougal. Une exclusivité jamais publiée, en parfaite entente avec le candidat de l’époque, selon une pratique appelée « catch and kill » dans le milieu des tabloïds. L’équipe Trump redoutait un scandale public majeur dans la dernière ligne droite de la campagne.

L’avocat de Stormy Daniels, Clark Brewster, a estimé sur Twitter que l’inculpation « n’est pas un motif de réjouissance ». Rendant hommage aux membres du grand jury, il a ajouté : « Personne n’est au-dessus de la loi. » Stormy Daniels, elle, était moins formelle, en expliquant qu’elle ne pouvait répondre aux messages qui lui parvenaient, vu leur nombre. « Et puis je ne veux pas renverser mon champagne », s’amusait-elle. A l’antenne de MSNBC, où il est un intervenant très régulier, Michael Cohen a salué « le groupe spectaculaire » de magistrats instructeurs et le procureur à la leur tête. « Je pense que Donald est pétrifié », s’est avancé son ancien avocat, évoquant son « ego fragile ». Selon Michael Cohen, la décision du grand jury « montre que l’Etat de droit et la justice existent encore dans ce pays et que le fait de rendre des comptes a encore de l’importance ».

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(Washington, correspondant)

 

 

 

 

Source : Le Monde 

 

 

 

 

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