Mauritanie – Les femmes battantes du Tékrour / Par Ciré Kane

Senalioune –  Je viens d’ouvrir la newsletter d’ONU femmes et on y apprend qu’a ce rythme il faudrait environ 300 ans pour réaliser l’égalité entre les hommes et les femmes.

Alors j’ai pensé à toutes ces linguères qui se battent au quotidien, dont très peu sont récompensées de leurs efforts.

LES JUNIORS

Trois jeunes femmes ont marqué l’année 2022. Salimata Ba est la première mauritanienne à s’être introduite dans l’hémicycle pour le retrait d’un projet de loi, celui de la réforme/arabisation du système éducatif. Çaurait été beau qu’elle y siège en 2023 pour tenter l’officialisation des langues nationales. Je n’ai vu son nom nulle part. L’activiste Fatimata Diallo et la féministe Dieynaba N’diom sont aussi passées à la trappe. 3 jeunes tékrouriennes qui ont bravé les forces de l’ordre et la sécurité de l’assemblée nationale.

Elles sont plusieurs, citons par exemple Souzy Boye , à animer la bataille culturelle pour sauver nos langues et sont présentes sur tous les fronts. La liste nationale réservée aux jeunes ne les accueillera pas, dommage. Certaines n’étaient peut-être pas candidates, mais si c’était un homme qui avait fait ses preuves les partis auraient trouvé les bons arguments pour le convaincre d’être candidat à une législative ou une municipale. Ils lui auraientforcé la main si nécessaire.

Je suis très déçu que toutes ces amazones soient laissées dans la rue à la merci des violences policières pour que certains politiciens récoltent leur travail sur le terrain. Oui, il y a de jeunes garçons écartés aussi mais je parle ici des discriminations politiques dont souffrent les femmes.

La diaspora ne fait pas mieux. À ma connaissance, aucun parti ou coalition n’a proposé en titulaire une candidature féminine à la députation. Mais le dépôt des listes n’est pas terminé.

LES SENIORS

Je m’incline devant la très honorable députée Nouma mint Mogueya, partie le mardi 16 avril 2019, c’était mon anniversaire. Je ne l’oublierai jamais.

Qui se rappelle de Mah mint Semetta? Une dame de fer redoutée par les hommes politiques.

Il y a beaucoup de femmes capables d’être des élues, ici je me refère à celles que je connais au-delà de leurs couleurs politiques et énumère ce qui m’a manqué en elles. La liste est donc très incomplète.

À l’intérieur du pays, Kadiata Malick Diallo est une véritable icône, il y a quasi unanimité pour sa reconduction à l’assemblée vu la qualité de ses interventions documentées, les ministres de la junte la craignent. Kadiata a beaucoup fait pour les langues et la culture. Elle a très tôt apporté son aide aux veuves et fait partie de ceux qui ont formalisé le combat pour la Justice après tous ces crimes de sang. Elle brigue aussi la mairie de Sebkha.

L’ex-deputée Saoudatou Wane a été victime de son succès lors de la mandature 2013-2018, elle a fait voyager l’apartheid mauritanien jusqu’au…Soudan! Sa force est de parler parfaitement le hassaniya. La junte aurait alors donné des consignes pour qu’elle ne revienne plus jamais perturber l’hémicycle. Et elle a été congediée par ceni interposée. Alors il faut réparer cette injustice et la faire revenir, le monde civilisé saura alors tout sur le racisme d’Etat en Mauritanie depuis 1960.

Coumba Dada doit conserver son siège. Elle a une qualité rare, celle de toujours vérifier par elle-même la véracité d’une information, ce qui l’oblige à se déplacer dans les quartiers, d’où une réelle proximité avec les populations qui souffrent. Rappelez-vous ce tékrourien bloqué à la George Floyd par le genou d’un policier bien  appuyé sur son cou, c’était invraisemblable. Coumba Dada avait retrouvé la victime et éclairé l’opinion sur ces dangereux flics.

Malouma mint Bilal manque à l’assemblée. Son recalage à la dernière élection est dû à une guéguerre entre hommes qui a scindé son parti. Ce n’est pas juste. Elle était la plus hargneuse, une vraie lionne du désert. Je n’ai pas encore vu sa candidature, mais son retour va réanimer une bonne palanquée de députés en dormance.

Dans une vraie politique de décentralisation, les listes des élections régionales auraient été concoctées en premier. On constate à quel point les formations politiques, pouvoir comme opposition, les négligent. Conséquence: combats mortels sur le réduit de Nouakchott, arbitré par sa surpopulation. Voilà l’une des causes de la division du Tékrour, trop de caïmans dans la même marre.

En tous cas, ce n’est pas la faute des femmes qui sont plus nombreuses dans les villages, loin de Nouakchott, capitale d’un Etat raciste, diviseur, génocidaire, voleur et corrompu.

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24 mars 2023
Siree Tekruur

 

 

 

Source : Senalioune.com

 

 

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