sondage international Ipsos pour la Fondation L’Oréal, publié jeudi 16 mars, quasiment une femme scientifique sur deux (49 % exactement) dit avoir été « personnellement confrontée à au moins une situation de harcèlement sexuel au cours de sa carrière ».
– Vie des labos. C’est un constat accablant pour le monde de la recherche. Selon unL’enquête a été menée sur Internet du 30 juillet au 16 septembre 2022 dans 117 pays sur 5 184 scientifiques (2 269 en France), dont 76 % de femmes. La très grande majorité des répondants (75 %) travaillent dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, dans cinquante institutions différentes (77 % d’établissements publics).
L’un des premiers enseignements de cette enquête est que, manifestement, la révolution #metoo n’a pas franchi les portes d’un monde scientifique encore très masculin. En effet, pour près de la moitié des femmes qui se disent victimes, ce harcèlement sexuel a eu lieu après l’émergence du mouvement, en 2017, et pour près d’un quart d’entre elles dans les deux dernières années.
Autre enseignement : ce sont les jeunes chercheuses qui sont le plus souvent harcelées. L’enquête montre ainsi que deux tiers d’entre elles disent l’avoir été au moins une fois en début de carrière. Et pour 65 % des femmes, ces situations ont eu un impact négatif sur leur carrière, 25 % disent aussi s’être senties en danger sur leur lieu de travail.
80 % des chercheuses confrontées au sexisme
Ce qui frappe, dans les résultats de cette enquête, c’est la difficulté à en parler. Si la moitié des femmes concernées a signalé des faits de harcèlement sexuel à son entourage, seulement une sur cinq l’a fait au sein de son institution. Du côté des témoins, c’est l’omerta qui règne. Près d’un chercheur sur deux reconnaît avoir été témoin d’au moins une situation de harcèlement sexuel durant toute sa carrière, mais à peine la moitié d’entre eux a dénoncé les faits dont ils ou elles ont été témoins.
A la question « pourquoi n’avoir pas alerté ? », les hommes ont tendance à davantage minimiser les situations : 20 % d’entre eux estiment « qu’il n’y avait pas besoin d’intervenir, la situation n’avait pas l’air si grave » ou que « la personne visée n’avait pas l’air bouleversée ». La peur des représailles est aussi l’une des explications de ce silence.
Le sexisme semble aussi régner en maître. Propos inappropriés, usages de surnoms « poupée, minette… », insultes, questions intrusives sur la vie privée ou sexuelle… Plus de huit femmes sur dix affirment y avoir été personnellement confrontées au cours de leur carrière. En janvier, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes avait conclu que le sexisme « ne recule pas en France. Au contraire, il perdure et ses manifestations les plus violentes s’aggravent ».
L’enquête Ipsos-Fondation L’Oréal révèle enfin que 64 % des personnes interrogées regrettent l’insuffisance et l’inefficacité des actions pour prévenir ou lutter contre le harcèlement sexuel au travail.
« En toute impunité »
Dimanche 4 mars, un collectif de scientifiques a signé une lettre ouverte titrée « Des silences qui nous écœurent » et diffusée sur les réseaux sociaux…
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