ÉDITO – Pas de journalisme libre sans indépendance financière

L’appel à dons lancé par Afrique XXI (ici) se termine dimanche 19 mars. Il nous manque un peu moins de 7 000 euros pour atteindre notre objectif. Voici pourquoi votre soutien est primordial.

Afrique XXI – Depuis que le journalisme s’est érigé en contre-pouvoir – depuis qu’il existe donc –, l’indépendance de celles et ceux qui le pratiquent est un combat permanent. Aujourd’hui peut-être plus que jamais auparavant, cette indépendance est menacée. Dans le monde interconnecté qui est le nôtre, où le savoir traverse la planète en quelques secondes et où plus rien ne semble pouvoir échapper aux réseaux sociaux, prendre le contrôle des médias est devenu un enjeu majeur, tant pour les États que pour les multinationales.

Ce phénomène ne touche pas seulement la France et l’Occident. En Afrique aussi, le quotidien des journalistes est semé d’embûches. Dans de nombreux pays du continent, les autorités multiplient les lois liberticides qui contraignent la liberté de la presse, et les hommes d’affaires jouent sur la grande précarité des rédactions pour s’acheter quelques porte-voix officieux, voire pour constituer leur propre groupe médiatique.

L’Afrique est en outre soumise désormais au règne de la « guerre informationnelle » qui oppose les grandes puissances mondiales. Emmanuel Macron l’a lui-même admis lors d’un discours tenu le 1er septembre 2022 à Paris devant les ambassadeurs et les ambassadrices français.es, qu’il a exhorté.es, face à l’activisme de Moscou, à « beaucoup mieux utiliser le réseau France Médias Monde, qui est absolument clé et qui doit être une force pour nous ». France Médias Monde est constitué de trois médias que connaissent bien les Africains : RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya.

 

Indépendance totale et sacrifice économique

 

Dans ce contexte, plusieurs options se présentent aux journalistes du monde entier. La première consiste à accepter d’appartenir à un grand groupe, et donc, indirectement (et parfois à son corps défendant), de servir ses intérêts. Par exemple, non seulement Le Figaro, détenu par le groupe Dassault, constructeur du célèbre Mirage, n’enquêtera jamais sur les ventes d’armes françaises, mais il n’abordera jamais non plus ce commerce d’un point de vue critique. L’indépendance est donc altérée : elle n’est une réalité que dans un espace bien défini, que les journalistes connaissent parfaitement.

La deuxième option consiste à se passer d’un mécène qui comblera les éventuels déficits, mais à fonder son modèle économique sur la publicité (l’un et l’autre n’étant pas antinomiques, loin de là). C’est tout aussi problématique : les intérêts des annonceurs, connus ou supposés, deviennent ainsi une variable d’ajustement dans les débats éditoriaux de la rédaction. C’est une prison à ciel ouvert que l’on s’impose, ou, pour donner une autre métaphore, une dette cachée. « Si on enquête sur ce marchand de luxe, ne risque-t-il pas de mettre fin à sa campagne publicitaire ? À combien cela se chiffrerait ? Quelles seraient les conséquences pour notre budget ? » Enquêter sur un annonceur, c’est prendre le risque de voir ses recettes fondre, et donc son existence être remise en cause.

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La Rédaction

Source : Afrique XXI

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