
Originaire de la communauté sérère tout en ayant un père peul, Omar Ba est élevé dans la culture de ce groupe ethnique, troisième en nombre au Sénégal après les Wolof et les Peuls. Société de castes à initiation, les Sérères sont généralement chrétiens ou musulmans, tout en étant souvent syncrétistes, pratiquant en parallèle leur religion ancienne en intégrant au christianisme ou à l’islam les croyances traditionnelles et les rites ancestraux.
Très jeune, il commence à couvrir les murs de certaines rues de Dakar de ses formes animées, pour son plaisir et celui des passants. Diplômé des Beaux-Arts de Dakar en 2002 après trois années d’études, l’artiste poursuit un troisième cycle universitaire aux Beaux-Arts de Genève, avant de fréquenter de 2009 à 2011 l’Ecole cantonale d’art du Valais, à Sierre (Suisse), reconnue pour ses formations dans les domaines du graphisme, de l’imprimerie et des arts visuels.
Le regard doit se frayer un chemin
« Même s’il travaille désormais sur des feuilles de carton ou de la toile, il continue de tisser entre la peinture et la vie un rapport très particulier en s’adressant directement à “l’homme de la rue”, pour reprendre une formule chère à Jean Dubuffet. Là réside peut-être l’une des grandes forces d’Omar Ba : il ne vise pas un public spécifique, averti ou ciblé, mais s’adresse potentiellement à tout un chacun, nonobstant son âge, son sexe, son milieu ou son origine culturelle. Son œuvre n’en est pas moins exigeante, car, loin d’être immédiate et simpliste, elle requiert de la concentration et une certaine durée d’attention », précise Juliette Singer.
Pour la responsable des projets en art contemporain au Petit Palais (Paris), les peintures du Dakarois ne se livrent que par étapes successives où le regard doit se frayer un chemin pour se repérer entre les télescopages d’échelles et l’absence de perspective. Ses tableaux semblent se référer à des temps anciens, fondateurs, que l’être humain chercherait à se remémorer. Peut-être le souvenir de ces contes sérères entendus dans l’intimité du foyer ou au sein de sa communauté d’appartenance, avec son lot d’ancêtres, d’étranges créatures, de monstres et de divinités.
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