Le football européen écrasé par la puissance financière des clubs anglais

Des offres folles pour acheter Manchester United, Chelsea qui dépense sans compter sur le marché des transferts… Le championnat anglais attire des investisseurs prêts à débourser des milliards.

Le Monde  – Le gouvernement britannique va-t-il siffler la fin du match ? Jeudi 23 février, après des années de tergiversations, il va publier un « livre blanc » qui doit, en principe, suggérer la création d’un régulateur du football anglais. Après trois décennies d’hyperinflation des dépenses, il s’agit de mettre un peu d’ordre dans le financement des clubs.

L’année 2023 a commencé par une avalanche de milliards dans le monde du ballon rond anglais. Vendredi 17 février, deux offres ont été déposées officiellement pour le rachat de Manchester United, après que ses propriétaires, la famille américaine Glazer, ont décidé de le mettre en vente.

L’une vient d’un milliardaire britannique, Jim Ratcliffe, qui a fait fortune dans la pétrochimie à la tête d’Ineos et possède par ailleurs l’OGC Nice. L’autre émane du Qatar, en la personne du cheikh Jassim Hamad Al Thani, membre de la famille royale, président d’une des banques qataries, QIB. Officiellement, parce que l’UEFA interdit les rencontres en Ligue des champions entre deux clubs ayant le même propriétaire, il ne s’agit pas du même actionnaire que celui du PSG, en l’occurrence Qatar Sports Investments. Prix de Manchester United, quatrième budget du football européen ? Autour de 6 milliards d’euros, selon les médias britanniques, même si aucun chiffre officiel n’a été confirmé.

 

Par ailleurs, Tottenham Hotspur, neuvième plus gros budget du football européen, a reçu une offre non sollicitée. L’homme d’affaires américain Jahm Najafi, émigré d’Iran à l’âge de 12 ans, qui a construit un empire présent dans la formule 1, les sports extrêmes, et les footballs portugais, espagnol, belge et allemand, propose 3,5 milliards d’euros, selon le Financial Times. De quoi visiblement agacer le président du club londonien, Daniel Levy : « Nous sommes dans une ligue qui voit de plus en plus d’argent de fonds souverains et de consortium financiers ; une ligue où le pouvoir d’achat est aux mains de quelques-uns qui dominent le marché et ont la capacité de le manipuler. »

Il faut ajouter l’acquisition, en 2022, de Chelsea pour 2,8 milliards d’euros (et 2 milliards d’euros de promesses d’investissement) par un consortium mené par le financier américain Todd Boehly. Quelques mois plus tôt, le fonds souverain d’Arabie saoudite avait mis la main sur Newcastle United.

« Le marché britannique est dopé »

Quelle transformation pour le football anglais ! En 1992, quand la Premier League a été créée, l’ère des hooligans n’était pas loin, les places debout dans les gradins existaient encore et les meilleurs footballeurs partaient alors vers l’Italie. Trois décennies plus tard, le football anglais écrase financièrement le reste de l’Europe. « On constate une augmentation permanente : les millionnaires ont été remplacés par les multimillionnaires, qui ont été remplacés par les milliardaires, eux-mêmes remplacés par les multimilliardaires », souligne Kieran Maguire, spécialiste de l’économie du football à l’université de Liverpool.

Chelsea, sous l’égide de son nouveau propriétaire, vient de faire la preuve de la domination du football anglais. En janvier, les Blues ont acheté huit joueurs, pour 325 millions d’euros, c’est-à-dire plus que toutes les équipes des championnats italien, français, allemand et espagnol réunies (250 millions d’euros).

 

Lors du marché des transferts de l’été 2022, l’histoire était similaire. Selon le cabinet Deloitte, les clubs de Premier League ont dépensé 2,2 milliards d’euros, quatre fois plus que ceux de Ligue 1 et autant que tous les clubs des quatre autres grands championnats (Italie, Espagne, France, Allemagne).

Trop, c’est trop, estime Javier Tebas, le président de la Liga, le championnat espagnol. « Le marché britannique est dopé », s’énervait-il, le 1er février, lors d’une conférence. Pour lui, c’est une évidence, il s’agit d’investissements à perte, qui ne respectent pas les règles du fair-play financier imposées par l’UEFA : « La Premier League (…) a perdu des milliards de livres ces dernières années. Tout ça est financé par les propriétaires, en l’occurrence des investisseurs américains, à perte. »

Lire la suite

 

 

(Londres, correspondance)

 

 

 

 

Source : Le Monde 

 

 

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page