« Intellectuels organiques » et « idiots utiles » / Par Tijane BAL

L’élection présidentielle au Nigeria se déroulera samedi prochain. Près de 94 millions d’électeurs inscrits ! Au terme de 2 mandats, le président Buhari ne peut se représenter.

Sur la BBC, l’émission Focus On Africa d’hier portait sur l’événement.

Des intellectuels nigérians y ont dessiné les enjeux, notamment identitaires, du scrutin. Un argument a émergé lors des échanges : le coût des élections. La situation économique du Nigéria, pourtant 1ère économie du continent, est, il est vrai, mauvaise.

Cela étant, la thématique de la pression financière est potentiellement risquée dans la mesure où elle peut être instrumentalisée. Le motif a quelquefois servi de justificatif à des dirigeants peu désireux de passer la main pour s’incruster plus que de raison.

Ce fut notamment le cas de Joseph Kabila en RdC.  « Élu » en 2006 et « réélu » en 2011, Kabila se maintint en poste au-delà de 2016, date officielle de la fin de son second mandat. Il ne quittera le pouvoir, et de mauvaise grâce, qu’en 2019 après une vaine tentative de briguer un 3ème mandat. Il avait prétexté de difficultés financières pour surseoir à l’organisation d’élections. Depuis quand la démocratie est-elle plus importante que le développement ? avait-il affecté de s’interroger.

Les « intellectuels » qui, de bonne foi peut-être, entonnent à présent le refrain du coût des élections et, par-là même de la démocratie, n’apportent-ils pas de l’eau au moulin des Kabila qui sommeillent sinon en chacun des dirigeants du continent du moins de certains d’entre eux ? Se muent-ils, ce faisant, en « idiots utiles » suivant la formule attribuée à Lénine ou en ces « intellectuels organiques » dépeints par Antonio Gramsci ?

Tijane BAL

Suggestion kassataya.com :

Les risques de la parole publique / Par Tijane BAL

Une autre histoire / Par Tijane BAL

Rwanda, une exemplarité relative écornée