France – Superstition du Vendredi 13 : mais pourquoi sommes-nous paraskevidékatriaphobes ?

France InterC’est plus fort que nous ! La crainte qu’il se passe quelque chose de mal prend le dessus ce jour-là. Comme beaucoup d’autres superstitions, elle découlerait d’une combinaison de croyances anciennes qui n’auraient jamais cessé d’influencer notre imaginaire et notre besoin de prédiction sur le réel.

 

On ne les compte plus tellement il y en a. Celle du vendredi 13 se démarque tout particulièrement. Si cette superstition possède deux faces, c’est essentiellement à la plus sombre d’entre elles qu’on la ramène le plus souvent. L’être rationnel qui est au fond de nous a beau dire que ça ne marche pas, il n’y a rien à faire, on y croit quand même un peu ! Et pendant que certains jouent leur chance, d’autres préfèrent se résoudre à l’inaction par crainte. Il existe un mot pour qualifier cette superstition phobique : la paraskevidékatriaphobie ou « la peur du vendredi treize ».

 

Des origines anciennes

 

Mais d’où provient cette croyance instinctive qui se formalise par la crainte de malheurs qui pourraient surgir ce jour-là précisément ? Au micro de « Grand bien vous fasse » qui avait consacré une émission sur le sujet, l’anthropologue Abdu Gnaba définit la superstition comme « prenant sa source dans la résurgence d’une croyance ancienne qui vient conforter cet amas de peurs qui nous constitue, et qui nous permet de mieux nous reconnecter avec un monde qui semble nous échapper« .

En effet, les superstitions comprennent en elle une transmission mythique, une filiation culturelle transmise par celles et ceux qui nous ont précédés, et qui continue de structurer notre imaginaire. Cette superstition du vendredi 13 aurait été popularisée par les hommes et les femmes du XIXe siècle, qui prenaient pour point de référence les croyances chrétiennes transmises par le Moyen Âge. C’est ce qui a conduit à lui donner davantage de valeur et d’attiser un peu plus la crainte qu’il se passe véritablement quelque chose. Pourtant, si ces références religieuses nous parlent beaucoup moins aujourd’hui, elles ont largement contribué à la diabolisation de cette date qui hante toujours nombre d’esprits.

La sémiologue Marie-Charlotte Delmas est spécialiste des superstitions populaires et autrice d’un « Dictionnaire de la France mystérieuse ». Au micro de Thomas Chauvineau dans l’émission « Le débat de midi » elle nous aide à mieux retracer les fondements culturels de cette angoisse qu’on associe au « Vendredi 13 ». Selon elle, il faut commencer par détricoter le concept, qui conjugue en réalité deux superstitions en une. Une combinaison devenue systématique depuis le XIX siècle, vraisemblablement sous l’influence des loteries qui avaient l’habitude d’associer les deux indicatifs « vendredi » et « 13 » pour en faire un jour de chance. Pour mieux comprendre cette association, il faut replonger dans l’imaginaire d’une société occidentale mue par le christianisme et le poids de la croyance religieuse.

 

Pourquoi vendredi ?

 

La sémiologue nous explique que le vendredi renvoie d’abord au jour de la Passion (mort) du Christ, raison pour laquelle ce jour était autrefois considéré, dans les Us et coutumes médiévales de la Chrétienté, comme un jour néfaste. D’autant qu’au Moyen-âge, il existait des manuscrits qui formulaient un ensemble de recommandations, sinon des tabous qui incitaient la société à la retenue chaque vendredi. On se fiait aux écritures saintes qui estimaient que les grandes catastrophes bibliques s’étaient passées systématiquement un vendredi (mort du Christ, le déluge, Adam et Ève chassés du paradis…).

La mort de Jésus est restée l’élément de croyance phare dans l’imaginaire collectif médiéval, qui a conduit à faire de ce jour, un jour triste, de repentance, où jusqu’au début du XXe siècle on mangeait très peu, on évitait de festoyer, on évitait de se réjouir. Depuis, on considère qu’il ne faut absolument rien entreprendre le vendredi, synonyme de malheurs.

Pourtant, avant le Moyen Âge, si on se réfère à la culture païenne qui avait précédé la culture chrétienne, le vendredi n’était pas du tout considéré comme un jour symboliquement négatif. Nous devons les jours de la semaine aux Romains, qui leur avaient donné le nom des 7 astres et divinités mythologiques. Lundi jour de la Lune ; mardi jour de Mars ; mercredi jour de Mercure ; jeudi, jour de Jupiter et vendredi, le jour associé à Vénus, soit la déesse de l’amour !

 

Pourquoi le nombre 13 ?

 

Il rappelait à la société médiévale le nombre des convives présents lors de la Cène, le dernier repas du Christ au cours duquel le treizième apôtre présent, Judas, aurait trahi Jésus en le vendant aux autorités romaines. Les croyants estimaient qu’il fallait absolument éviter de se rassembler un 13 pour un repas.

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Source : France Inter (Le 12 janvier 2023)

 

 

 

 

 

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