Justice – En Guinée, “la forte teneur pédagogique” du procès de Dadis Camara

Du temps de sa splendeur, il faisait trembler tout un pays. Désormais, l’ancien dictateur Dadis Camara est jugé en Guinée, avec une dizaine d’anciens responsables militaires et gouvernementaux, pour le massacre perpétré en septembre 2009 dans un stade de Conakry. La revue de presse “RFI” revient sur ce procès cathartique pour la société guinéenne.

RFI – Lorsqu’il était au pouvoir en Guinée, le capitaine Dadis Camara [qui a dirigé la Guinée de 2008 à 2010] nous avait habitués à ces interventions médiatiques tonitruantes et souvent improvisées, où il pouvait annoncer pêle-mêle des décisions gouvernementales et des destitutions de dignitaires du régime.

[Le 12 décembre], face à ses juges, dans le cadre du procès du massacre perpétré au stade du 28 Septembre, en 2009, l’ex-homme fort de la Guinée a tenté de rééditer sa méthode. “Moussa Dadis Camara a pris tout son temps, relate Africa Guinée. Sa déposition, empreinte de digressions, a duré pendant environ sept heures d’horloge. Devant le juge, l’accusé a parlé jusqu’à perdre sa voix.

Alors, relate le site d’information Guinée 7, le capitaine a “développé une ribambelle d’hypothèses pour accuser (l’ancien président) Alpha Condé, (le général) Sékouba Konaté et Toumba Diakité (son ex-aide de camp) d’être les véritables acteurs des événements du 28 septembre. Pour soutenir ses suppositions, Dadis a livré des cours magistraux, un peu tordus le plus souvent, commente le site, en histoire, littérature, droit, etc. Avant de fixer les règles du jeu au tribunal. Il veut qu’on lui pose des questions sur la complicité (des supposés acteurs du massacre). Pas plus.”

Quelles preuves ?

“Sont-elles fondées ou non (ces accusations de Dadis) ?” s’interroge Le Djely, autre site guinéen. “En détient-il les preuves ? Seule la suite du procès des massacres [perpétrés en 2009] au stade du 28 Septembre aidera à répondre à ces questions. Sans détour, l’ancien président du CNDD s’est présenté devant le tribunal en victime d’un complot qui aurait pu coûter la vie à d’autres acteurs d’envergure : Alpha Condé, Sékouba Konaté et Toumba Diakité avaient orchestré un complot, a-t-il dénoncé, pour tuer (les opposants) Cellou Dalein, Sydia Touré, Jean-Marie Doré, […] c’est après cela qu’ils ont envoyé Toumba pour tirer sur moi.” À la suite de ces accusations, l’audience a été suspendue.

Le “Dadis show”

Pour Wakat Séra, au Burkina Faso, Dadis aura bien du mal à s’en tirer… “Visiblement, le ‘Dadis show’ a fait son temps de divertissement et d’humiliation d’hommes d’affaires et d’hommes politique et n’a plus aucune chance de prospérer ! De toute évidence, le capitaine, qui voulait se faire passer pour Thomas Sankara, le héros de la révolution burkinabè, lorsqu’il a confisqué le pouvoir par les armes et a tenté en vain de se faire une virginité par les urnes, le capitaine s’est senti pris dans un piège dont il lui sera difficile, voire impossible de se dépêtrer. Il a beau, dans une sorte de transe, accuser les anciens présidents Alpha Condé et le général Sékouba Konaté d’avoir fomenté un complot contre sa personne, ses arguties porteront difficilement fruit. Bien vite, Dadis a perdu la sérénité qui était sienne au moment où il rentrait de son si long exil ouagalais. Il a visiblement été lâché par les siens et sa cause semble déjà entendue.”

RFI (Paris)

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Source : RFI

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