Ramata Ba : « Je voulais me marier, mais le père de mon ami a dit que nous ne sommes pas du même rang social »

BBC Afrique – Ramata Ba est tombée amoureuse d’un compatriote. Mais sa volonté de se marier avec le prétendant s’est heurtée au refus du futur beau-père, qui ne voulait pas de leur union conjugale au motif que la jeune dame appartient à une caste.

« Quand il m’a dit ‘non, je ne veux pas de toi’, je me suis sentie rabaissée, j’ai eu l’impression que je ne servais à rien, que (…) je ne méritais pas d’avoir un homme comme lui (…) J’ai été confrontée à cette situation des castes. Je voulais me marier à un Sénégalais. Mais quand son père a su de quelle famille je venais, il a estimé que cela posait problème dans la mesure où nous ne sommes pas du même rang social », raconte-t-elle.

« Je ne vais pas me laisser abattre par ce genre de situation »

« Son père estime qu’ils (son fils, lui-même et leur famille) font partie d’une certaine noblesse et de la haute société, et que ma famille et moi appartenons sommes d’un groupe inférieur. Pour eux, l’union n’était pas possible, donc. A son avis, le fait de nous marier allait rendre son fils malheureux et salir sa famille. C’était une honte pour eux », affirme la jeune dame.

Ramata Ba est d’autant inquiète que, selon son témoignage, elle n’avait jamais entendu parler de cette hiérarchie de la société. « Mes parents ne m’ont jamais parlé de cela (des castes). N’ayant jamais connu cela, je me suis mise à faire des recherches sur Internet, dans les livres… »

Estimant qu’elle en est arrivée à une bonne compréhension des catégories sociales, qui rangent chaque individu dans un groupe, la jeune Sénégalaise publie sur YouTube une vidéo dans laquelle elle raconte le revers qu’elle a subi. A cause de son appartenance sociale.

Ramata Ba n'avait jamais entendu parler de cette hiérarchie de la société.

Crédit photo, Alassane Dia/BBC

Légende image, Ramata Ba n’avait jamais entendu parler de cette hiérarchie de la société.

« C’est quoi une caste ? C’est (…) une classe sociale dans laquelle on range des gens en fonction de leur nom de famille, de leurs ancêtres, etc. On en trouve notamment en Afrique et en Inde. Au Sénégal, nous avons les nobles, les esclaves, les griots, les forgerons, etc. Quand vous faites partie des nobles, vous ne devez pas épouser un esclave ou un griot. C’est interdit », explique Ramata Ba.

Même si la trentenaire comprend la hiérarchie de la société et l’attachement de la société à l’appartenance sociale, elle dit ne pas comprendre l’échec de son projet matrimonial. « J’ai mal vécu cela. C’est une forme de racisme, une façon de me mettre socialement plus bas que terre. Ça m’a un peu déprimée. »

Poussant la curiosité plus loin, la jeune dame, pâtissière de métier, découvre que ses parents n’appartiennent pas au même rang social, malgré leur union. « J’en ai même voulu à mes parents. J’en ai voulu à ma mère de s’être mariée à mon père qui n’était pas des nobles. Mais je n’avais pas de raison de leur en vouloir, même si j’ai été frustrée par cette situation », dit-elle.

« Il faut que les traditions contribuent au bien-être, sinon elles ne servent à rien »

 

 

"Je suis contente d'être sortie de cette situation", dit Ramata Ba avec philosophie.

Crédit photo, Alassane Dia/BBC

Légende image, « Je suis contente d’être sortie de cette situation », dit Ramata Ba avec philosophie.

Son expérience l’emmène à croire qu’elle ne devrait plus se marier dans son pays, voire en Afrique. « C’était difficile. Je ne voulais plus parler de mariage avec des Africains, car je ne voulais plus revivre cette situation qui m’a blessée. Je me suis penchée vers les Européens en me disant qu’avec eux il n’y aura pas cette affaire de caste. »

Mais Ramata Ba tente de panser sa blessure mentale, voire psychologique. « Maintenant, ça va un peu mieux. J’ai décidé d’aller de l’avant et de ne pas me laisser faire. On verra ce que ça donne. Pour sortir de tout cela, j’ai commencé à faire du sport, à aller voir ceux qui m’ont beaucoup aidée et m’ont tirée de cette situation. La cuisine étant ma passion, je me suis enfermée à la maison en faisant beaucoup de gâteaux d’anniversaire que je vends (…) Ça m’a beaucoup aidé à surmonter cette situation », se réjouit-elle.

« Aujourd’hui, je suis souriante. Je me suis dit que je ne vais pas me laisser abattre par ce genre de situation. Je me suis dit que je suis une femme forte, belle, intelligente et ambitieuse. Je veux prendre la vie comme elle est », se console Ramata Ba.

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Source : BBC Afrique (Royaume-Uni) – Le 26 novembre 2022

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