COP27 : après des tensions entre Etats dans la dernière ligne droite, l’espoir de sauver la conférence climat renaît

Une proposition de la présidence, élaborée samedi et qui doit encore être approuvée, contient un compromis sur l’enjeu crucial de la conférence : le dossier des « pertes et dommages », c’est-à-dire les dégâts irréversibles causés par le réchauffement.

Le Monde  – La conférence mondiale sur le climat (COP27) semblait se trouver dans sa dernière ligne droite, samedi 19 novembre, un jour après sa clôture officielle. La matinée avait fait peser le risque d’un départ des deux cents pays de la station balnéaire de Charm El-Cheikh (Egypte) sans trouver un accord. En début d’après-midi, la présidence égyptienne de la conférence a envoyé des propositions de décisions et les délégations espéraient une séance plénière, dans la soirée, pour tenter de déboucher sur un compromis.

Il y avait une lueur d’espoir sur l’enjeu crucial de la conférence : le dossier des « pertes et dommages », c’est-à-dire les dégâts irréversibles causés par le réchauffement climatique (sécheresses, inondations, etc.). Le texte de la présidence propose de créer un fonds pour y faire face, comme le demandent les pays en développement, les plus durement touchés par le réchauffement alors qu’ils y ont le moins contribué. Un comité composé de treize pays du Sud et de dix du Nord devrait travailler pour le rendre opérationnel dès la COP28 de l’an prochain. Ce fonds serait abondé par les pays riches, mais aussi en « étendant les sources de financement », ce qui ouvre la porte à des financements de pays émergents sans viser particulièrement la Chine.

« Nous sommes arrivés à un résultat raisonnablement équilibré sur cette question et acceptable pour tous les groupes », juge Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la transition énergétique. L’offre a été également accueillie favorablement par le plus gros groupe de négociations, le G77 + Chine, composé de 134 pays en développement. « On a enfin un retour sur notre proposition, avec un texte qui nous permet d’avancer », ajoute-t-elle.

L’Union européenne avait créé un coup de tonnerre, jeudi, en acceptant de créer ce fonds à plusieurs conditions, notamment qu’il soit destiné seulement aux pays les plus vulnérables (et non pas à tous les pays en développement), qu’il soit abondé par d’autres contributeurs que les pays riches (sans la nommer, la Chine en particulier) et qu’il s’accompagne d’engagements accrus en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pendant de longues années, les pays riches s’opposaient à cette idée, craignant qu’elle n’ouvre la voie à des demandes plus larges de compensation ou à des procès en réparation.

 

« Pas satisfaisant » sur la réduction des émissions

 

En revanche, la partie de la proposition de la présidence touchant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est « pas satisfaisante », prévient la ministre. « C’est un copié-collé de Glasgow [la COP26, qui s’est tenue l’an dernier] avec même des reculs sur certains points. »

Le nouveau document de la présidence, qui doit encore être approuvé, réaffirme les objectifs de l’accord de Paris de 2015, notamment le plus ambitieux, qui vise à limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Il incite les pays qui ne l’ont pas encore fait à accroître leurs objectifs climatiques avant la COP28. Les objectifs des Etats sont en effet actuellement hautement insuffisants, puisqu’ils mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement climatique de 2,5 °C à la fin du siècle.

 

Le texte dispose aussi que les pays s’engagent à accélérer la réduction de l’utilisation du charbon et la sortie des subventions « inefficaces » aux énergies fossiles, soit la même promesse que celle prise à Glasgow lors de la COP26. La proposition ne mentionne pas la réduction de l’usage de toutes les énergies fossiles (le pétrole et le gaz également), principale cause du réchauffement. De nombreux Etats, dont l’Inde, l’UE ou les Etats-Unis, soutenaient une sortie progressive des fossiles, mais les pays du Golfe s’y opposent.

Preuve des fortes crispations, l’Union européenne avait menacé de claquer la porte des négociations samedi matin. « On préfère ne pas avoir d’accord plutôt qu’un mauvais accord », avait lancé le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, devant la presse. L’Union européenne était très inquiète de voir des reculs dans les textes finaux de décision, sur la nécessité d’accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. « Les textes qu’on a pu voir cette nuit remettent en cause les acquis de l’accord de Paris et du pacte de Glasgow », insistait alors l’entourage de la ministre de la transition énergétique.

 

L’Egypte critiquée pour sa coordination des négociations

 

Ces rebondissements habituels des COP, qui voient les positions changer jusqu’à la dernière minute et les compromis marchandés, ont été rendus plus aigus cette année par la méthode de la présidence égyptienne. Les dernières propositions de décision ont été présentées aux délégations au milieu de la nuit, sur un écran d’ordinateur qu’ils ont pu consulter brièvement, au lieu d’être envoyées par courriel et imprimées. Dans les allées d’un centre de conférence en train de se vider, les délégations tentaient d’avancer, le matin, sur des textes qu’ils n’avaient donc pas entre les mains.

Lire la suite

Source : Le Monde

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page