Mauritanie – Que d’émotion !

Que d’émotion ! s’écrierait un célèbre commentateur de foot qui a, depuis, rejoint un monde meilleur. Quant aux plus superstitieux, ils ne manqueront pas d’ériger une fois de plus novembre en mois particulier. Est-il  besoin de préciser ce dont il s’agit? D’autorité, non. Alors, passons à la suite.

Autant le préciser d’emblée, le signataire de ces lignes se gardera bien de distribuer des bons ou des mauvais points. D’autres, nombreux, et peut-être plus autorisés, y ont pourvu. Tout au plus, en lieu et place, des observations et/ou interrogations que seuls les plus charitables d’entre vous trouveront dignes d’intérêt sont soumises à votre sagacité, lecteurs indulgents, mes frères : Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Qui y gagne ? Qui y perd ? Pour quel(s) résultat(s) ? Et après?…

On peut observer, sans vouloir banaliser un événement qui est tout sauf banal, que, dans l’absolu, sous d’autres latitudes, celui-ci n’aurait eu rien d’une révolution copernicienne. Ce qui, pour autant ne lui aurait pas enlevé son caractère inédit. Car, inédit, il l’est. Pour preuve, Il suffit de se «téléporter» à juste cinq ans en arrière, et d’imaginer ces mots. Au hasard, dans les colonnes de l’AMI par exemple: le président, (sans ex donc), Mohamed Ould Abdel Aziz et une délégation de nos frères des FLAM…etc. On imagine la surprise de certains et l’effroi d’autres.

Et pourtant! dirait cette fois un chanteur qui, lui aussi, a rejoint un monde meilleur. Et pourtant, entend-on souvent, en guise de plaidoyer pro domo, clamer les courageux, pour les uns, inconscients voire traîtres pour d’autres, qui osent un pas de côté : seuls d’anciens ennemis font la paix, avec une variante, seuls des adversaires négocient. Des duos célèbres auraient même été appelés à la rescousse : Begin-Sadate, De Klerk-Mandela, Arafat-Rabin…

Pourquoi donc le scénario mauritanien fait-il tant débat? Doux euphémisme. La faute à un micro climat à force définitivement plus étouffant que partout ailleurs? Le degré de polarisation et par suite d’animosité est-il devenu à jamais rédhibitoire? Ou s’agit-il aussi d’autre chose? Au-delà de la personnalité et des qualités (mot polysémique) du principal protagoniste, des acteurs, s’agirait-il d’une question de méthode, de démarche? S’agit-il du poids de l’histoire, du passif du passé?

On peut aussi s’interroger sur le pourquoi et plus spécifiquement le pourquoi maintenant? La réponse à chacune de ces questions est variable suivant la perspective adoptée. Elle semble curieusement plus évidente du point de vue de l’ancien président dont on est légitimement en droit de se demander s’il est le «demandeur». Viennent en cascade des questions du type qu’y gagne-t-il et qu’y perd-il sachant qu’il a beaucoup perdu par ailleurs ces derniers temps? De toute évidence, on peut penser qu’il en escompte un espace politique à conquérir et donc une légitimité, une aire de respiration peut-être.

Le moins que l’on puisse dire est que ces temps-ci, l’ancien homme fort étouffe parce qu’il est comprimé politiquement et ce, sans préjudice de l’épée de Damoclès judiciaire suspendue au-dessus de sa tête. De là, à en conclure qu’il cherche dans les FLAM, une organisation politique longtemps, et encore, érigée en repoussoir « national » des dirigeants successifs du pays, lui-même compris, son souffle. C’est là une de ces insolences dont l’histoire est quelquefois capable. Les FLAM en bouteille d’oxygène ou bouée d’un dirigeant militaire mauritanien, fût-il déchu, qui l’eut cru? Mais qu’y gagnent les FLAM? La griserie d’une victoire symbolique? Il faut espérer que non, pour tentant que soit le péché d’orgueil.

Mais, c’est connu, les meilleurs accords sont, dit-on, ceux conclus avec des arrière-pensées. Et des arrière-pensées, il ne doit en manquer en l’espèce. Reste que les plus implacables des contempteurs de l’organisation négro-africaine, pourront difficilement lui intenter un procès en opportunisme en raison même de ce qu’est aujourd’hui l’ancien président dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas en situation de récompenser ou de punir. C’est paradoxalement ce fait qui nourrit, entre autres, le débat sur la pertinence de la démarche. Lequel reste entier. A chacun de l’aborder suivant sa sensibilité et son opinion. Puisse-t-il être le plus serein possible. Il faut l’espérer. Il y a des raisons d’en douter.

 

 

MB pour Kassataya.com

 

 

 

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