Réseaux sociaux – « Armée numérique » du PSG : la méthode est-elle légale ?

France InterUne myriade de faux comptes Twitter, relayés par des profils influents, chargés de mener de véritables campagnes en ligne, parfois insultantes, contre des « cibles »… Mediapart a révélé la stratégie menée par une agence externe sous la supervision du service communication du Paris-Saint-Germain.

 

Dans un rapport obtenu par Mediapart, l’agence Digital Big Brother (DBB) décrit les campagnes qu’elle a orchestrées sur les réseaux sociaux pour le PSG, entre 2018 et 2020. Parmi celles-ci, il y a la création d’une « armée numérique » : des « comptes Twitter ‘partenaires' » gérés par des humains, se faisant passer pour des vrais fans du club de foot parisien. Bien que la création de faux comptes soit une pratique courante et licite, leur utilisation pour injurier des cibles pose la question de la légalité de l’opération.

 

Des attaques ciblées

 

Ces comptes gravitaient autour de quelques profils « influents », en particulier « Paname Squad », présenté comme un « collectif de passionnés du Paris Saint-Germain », qui s’est assuré audience et crédibilité en diffusant des informations exclusives sur le mercato. Leurs missions : « infiltrer la communauté », « promouvoir la marque PSG »… Mais aussi d’allumer des « contre-feux » contre des cibles précises, considérées comme des menaces pour la réputation du PSG.

Les faux comptes ont ainsi mené des raids violents et souvent grossiers contre le supporter du Stade rennais giflé par l’attaquant Neymar, son ex-petite amie qui l’a accusé de viol, des médias jugés hostiles au PSG comme Mediapart et L’Équipe, ainsi que des personnalités du club comme le joueur Adrien Rabiot et l’ancien directeur sportif Antero Henrique, ou encore, plus timidement, Kylian Mbappé lorsqu’il y avait des rumeurs sur son éventuel départ au Real Madrid en 2019.

La stratégie de création de faux comptes n’a rien d’exceptionnelle. « Il y a tout un tas d’entreprises qui vivent du fait de créer des faux comptes pour pousser un sujet », souligne Florent Lefebvre, consultant en analyse de données, spécialisé sur les réseaux sociaux. « Même s’il est rare que l’on en ait la preuve et que l’opération soit de cette qualité, avec des vrais humains derrière les comptes. »

Cette opération est-elle bien légale ? En tous cas, « ce n’est pas l’exploitation d’une faille, car il n’y a pas de vide juridique sur ce sujet », explique Alexandre Archambault, avocat en droit numérique. « Le fait de créer des faux comptes sur les réseaux sociaux n’est pas illicite », rappelle-t-il. « C’est même une liberté fondamentale sur le principe du pseudonymat qui n’a rien de nouveau. »

 

Des faits qui peuvent être sanctionnés par la loi

 

Toutefois, la méthode déployée via les comptes pilotés par l’agence se distingue par des campagnes ciblées, parfois violentes et insultantes. Adrien Rabiot a ainsi été qualifié, entre autres injures, de « gros FDP » et de « sale traître » ; la femme qui a accusé Neymar de viol qualifiée de « pétasse » ou le patron de l’Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas, de « pleureuse ».

« S’il s’agit d’opérations de harcèlement, de dénigrement ou de diffamation alors cela peut faire l’objet de poursuites », assure l’avocat. En effet, le cyberharcèlement est sanctionné par l’article 222-33-2-2 du Code pénal, le dénigrement par l’article 1240 du Code civil et la diffamation par l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.

« S’agissant précisément des  Nelson, le supporter giflé par Neymar, on pourrait aussi considérer qu’il y a eu atteinte à sa vie privée garantie par l’article 9 du code civil », souligne Alexandre Archambault. Le compte « Paname Squad » a publié l’identité complète de Nelson, qualifié de « mytho », et tenté de le faire passer pour un délinquant : « Le mec ne serait qu’un petit escroc, connu des services de police, selon les mecs de sa ville », tweete le compte.

 

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Source : France Inter (Le 13 octobre 2022)

 

 

 

 

 

 

 

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