Kylian Mbappé, buteur du soir sur fond de divorce avec le PSG

Contre Benfica (1-1), l’attaquant parisien a marqué sur penalty après une journée sous le signe de ses velléités de départ d’un club où sa position sur le terrain serait loin d’être le seul problème

Le Monde   – C’est peut-être dans son ADN. Le Paris Saint-Germain (PSG) présente cette capacité étonnante à générer de la crise. Certains y voient même un peu de son charme. Même quand il n’a pas encore connu la défaite, il évolue toujours entre le psychodrame, la telenovela de début d’après-midi ou le comique de répétition. Difficile de trancher.

On ne parle pas du match nul concédé, terne et sans histoire, au Parc des Princes contre Benfica ce mardi 11 octobre (1-1) – avec huit points en quatre matchs, les Parisiens sont bien lancés dans ce groupe H pour valider une onzième qualification de rang en huitième de finale de la Ligue des champions –, mais plutôt de son approche.

 

Cette fois, il n’a pas été question de char à voile, d’empreinte carbone ni de la « honte de voler » encore embryonnaire chez les footballeurs – comme avant la réception, en septembre, de la Juventus Turin (2-1) –, mais des grosses envies de départ de Kylian Mbappé. Oui, déjà. Entre Paris et l’attaquant, c’était pourtant du sérieux.

Rupture consommée avec le président du PSG

 

Du moins, c’était le récit vendu et calibré fin mai, au moment d’une prolongation de contrat célébrée comme une victoire contre un grand d’Europe. Au hasard, le Real Madrid. Mais, selon des informations de RMC, confirmées par Le Monde, le joueur de 23 ans se sent trahi par le propriétaire du club, Qatar Sports Investments, et par son président, Nasser Al-Khelaïfi. La rupture est consommée avec le dirigeant qatari.

 

A vrai dire, le malaise couvait depuis un moment et dépasse, selon nos informations, le simple spleen automnal d’un joueur mécontent de son positionnement sur le terrain. Contre Benfica, Kylian Mbappé a encore évolué sans ce fameux avant-centre à ses côtés (et sans Lionel Messi, blessé), lui qui disait préférer son rôle plus libre en équipe de France que celui, en club, trop proche de celui « d’un pivot ».

Dans les faits, le prodige de Bondy a encore négocié la majorité de ses ballons côté gauche. Il en a bien touché un dans l’axe, pour convertir un pénalty (40e) d’un contre-pied parfait, et recevoir l’ovation d’un public du Parc moins frondeur et siffleur qu’annoncé pour son attaquant. Du moins, pour l’instant.

Drôle de soirée qui voit un garçon annoncé sur le départ devenir le joueur le plus prolifique de l’histoire de son club en Coupe d’Europe, avec trente et un buts désormais. Dans le contexte très particulier du jour, d’autres auraient passé leur tour pour laisser, Neymar par exemple, se charger du penalty. Pas Kylian Mbappé. Imperturbable en surface, le Parisien a mis de côté sa mauvaise tête des derniers matchs et adopté un langage corporel plus positif. Plus Ligue des champions. « Kylian a fait un match très rythmé, très intense. Il a donné une réponse par rapport à cette rumeur », a salué son entraîneur, Christophe Galtier.

En seconde mi-temps, Mbappé a même été à quelques centimètres de réussir son but signature, un tir enroulé du pied droit au second poteau (52e). Dommage. Il aurait été un tout petit moins question de ses envies de départ et un peu plus de la qualification du PSG. Une faute évitable de l’incorrigible Marco Verratti et un penalty plus tard, transformé par Joao Mario (65e), Paris concédait l’égalisation aux Lisboètes. Christophe Galtier l’avoue lui-même : « On est moins clinquants, moins brillants ces derniers temps. »

 

« A qui sert cette rumeur ? »

 

A Paris, l’été est passé aussi vite que ses promesses, quand Nasser Al-Khelaïfi évoquait une révolution morale avec « la fin des paillettes », que l’organisation en 3-4-3 du nouvel entraîneur ne faisait que des heureux et que Neymar redevenait un sportif de haut niveau.

Mais Mbappé, lui, boudait déjà. Dans son coin. Une histoire de priorité sur les penaltys avec le BrésiIien, un recrutement pas tout à fait conforme à un nouveau projet sportif auquel il a bien voulu croire. Mais les Bernardo Silva, Milan Skriniar et surtout Robert Lewandowski promis ne sont pas venus au PSG. Le Polonais aurait dû être ce fameux « pivot », ce grand numéro neuf autour duquel Mbappé aurait gravité libre et heureux. Mais l’ancien du Bayern Munich a signé le 15 juillet au FC Barcelone.

Le Français a eu le temps de se faire à la mauvaise nouvelle. « Pivot or not pivot », ce n’est peut-être pas vraiment la question. Du moins pas la principale. Pour des raisons qui risquent d’être prochainement dévoilées, Kylian Mbappé se sent trahi par les promesses du printemps et entendrait quitter le club dès janvier, selon plusieurs médias. Dans les faits, on imagine mal le PSG ouvrir la porte à un départ dès cet hiver, surtout dans la foulée de la Coupe du monde au Qatar (20 novembre-18 décembre). Le scénario d’un départ l’été prochain est plus crédible. Il lui restera alors un an de contrat, plus une en option.

Au PSG, la légendaire « crise de novembre » années Canal+ ou Colony Capital a donc été avancée en octobre, et il faut bien allumer les contre-feux et autres démentis. Luis Campos a été le premier envoyé au front. Tout sauf un hasard. Conseiller football du club, le Portugais doit incarner l’autorité de ce nouveau PSG et est un proche du clan Mbappé, qu’il couvait à l’AS Monaco à ses débuts. « Je suis là pour démentir et dire clairement que jamais Kylian Mbappé ne m’a parlé, ni à moi, ni au président, de partir en janvier », a déclaré au micro de Canal+ celui que Le Parisien annonçait… également partant quelques minutes plus tôt.

 

 

A force de répondre à des questions sur le (seul) sujet du jour, Christophe Galtier s’en est posé une : « Je suis surpris. C’est une rumeur. Que ça sorte quatre ou cinq heures avant le match, j’ai le droit d’être interpellé. A qui sert cette rumeur ? » Du côté du club, on parle d’un grand n’importe quoi parti – est-ce un hasard, laisse-t-on entendre – de Madrid avec de premières révélations du quotidien Marca en début d’après-midi, connu pour sa proximité avec un Real toujours vexé du refus de Mbappé, mais aussi pour ne pas toujours donner la bonne météo en matière de transfert.

 

Mbappé attendu mercredi à Madrid

 

Une source proche de la direction s’étonne de voir Liverpool cité comme destination possible par Marca, quand les Reds doivent se serrer la ceinture financièrement et ne sont pas assurés de voir les huitièmes de finale de la Ligue des champions.

Reste que, pour le PSG, l’effet est désastreux à court terme et que la saison risque d’être très longue si le joueur censé incarner et porter le projet compte les jours en griffonnant des croix sur le mur des vestiaires jusqu’à son départ supposé, en juin ou juillet prochain.

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Source : Le Monde  

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