Ukraine : l’explosion d’un véhicule piégé paralyse le pont russe de Crimée

Un véhicule piégé a déclenché un vaste incendie sur le pont de Crimée, infrastructure clé et symbole de l'annexion de la péninsule ukrainienne éponyme, ont annoncé samedi les autorités russes, sans accuser dans l'immédiat l'Ukraine.

Courrier international  – Un véhicule piégé a déclenché un vaste incendie sur le pont de Crimée, infrastructure clé et symbole de l’annexion de la péninsule ukrainienne éponyme, ont annoncé samedi les autorités russes, sans accuser dans l’immédiat l’Ukraine.

Des images de vidéosurveillance circulant en ligne montrent une énorme explosion éventrer le pont, de nuit, au moment où quelques véhicules roulent dessus. L’impact semble se produire au niveau du passage d’un camion blanc. D’autres clichés montrent la voie ferrée en flammes sur des dizaines de mètres et un tronçon routier effondré.

Ce pont, construit à grands frais sur ordre de Vladimir Poutine pour relier la péninsule annexée au territoire russe, sert notamment au transport d’équipements militaires de l’armée russe combattant en Ukraine.

Si l’Ukraine est à l’origine de l’incendie et de l’explosion sur le pont de Crimée, le fait qu’une infrastructure aussi cruciale et aussi loin du front puisse être endommagée par les forces ukrainiennes serait un camouflet pour Moscou.

D’autant que la Russie enchaîne les revers militaires depuis le début du mois de septembre, ses troupes étant forcées de reculer aussi bien au nord-est que dans le sud du pays, notamment la région de Kherson, frontalière de la Crimée, dont M. Poutine revendique l’annexion.

« Aujourd’hui à 06H07 (03H07 GMT) sur la partie routière du pont de Crimée (…) a eu lieu l’explosion d’une voiture piégée, qui a entraîné l?incendie de sept citernes ferroviaires qui allaient vers la Crimée », a indiqué le comité, cité par les agences russes.

Le pont de Crimée qui enjambe le détroit de Kertch, le 23 décembre 2019

Le porte-parole du Kremlin a indiqué à l’agence Ria Novosti que Vladimir Poutine avait ordonné la formation d’une commission gouvernementale pour établir les faits.

Selon le Comité antiterroriste, deux voies routières sont endommagées, mais l’arche du pont n’est pas touchée.

Les trafics ferroviaire et routier ont été arrêtés, et des ferries ont été mis en place pour permettre la traversée, selon les agences russes.

« Nature terroriste »

Si l’Ukraine n’a pas reconnu de responsabilité dans cette attaque, ses responsables ont multiplié les commentaires moqueurs et ironiques, la poste ukrainienne annonçant même préparer un timbre pour célébrer l’occasion et avoir le dessin déjà prêt.

Ces réactions ont poussé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova à y voir un signe de la « nature terroriste » des autorités ukrainiennes.

Le Comité d’enquête de Russie, principal organe d’investigation du pays, a promis d’identifier « toutes les personnes liées à ce crime » et ouvert une enquête criminelle.

Le président russe Vladimir Poutine et le ministre des Transports Yevgeny Ditrikh, après la cérémonie d’ouverture de la partie ferroviaire du pont de Crimée, reliant la Crimée à la Russie à Taman, le 23 décembre 2019

Le chef de l’assemblée de Crimée, le parlement régional installé par la Russie, Vladimir Konstantinov a dénoncé une coup « des vandales ukrainiens ».

« Tout ce qui est illégal doit être détruit, tout ce qui a été volé doit être rendu à l’Ukraine », a de son côté commenté sur Twitter Mikhaïlo Podoliak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ce pont sert essentiel au transport des personnes et des marchandises vers la péninsule, mais aussi aux troupes déployées en Ukraine. Inauguré en 2018, le pont enjambe le détroit de Kertch, devenant le symbole de l’annexion de 2014.

Selon un responsable de l’occupation russe dans la région ukrainienne de Kherson, voisine de la Crimée, Kirill Stremooussov, les réparations pourraient prendre « deux mois ».

La Russie a toujours affirmé que le pont ne risquait rien en dépit des combats en Ukraine, mais elle a menacé par le passé Kiev de représailles si les forces ukrainiennes devaient attaquer cette infrastructure ou d’autres en Crimée.

Le député russe Oleg Morozov, cité par l’agence Ria Novosti, a réclamé samedi une réplique « adéquate ». « Sinon, ce type d’attentats terroristes va se multiplier », a-t-il dit.

Plusieurs explosions ont eu lieu ces derniers mois sur des installations militaires russes dans la péninsule, pour lesquelles l’Ukraine n’a revendiqué de responsabilité que plusieurs mois après les faits, comme lorsque la base militaire de Djankoï a été ravagée en août par la déflagration d’un dépôt de munitions, provoquant un exode de touristes de la région.

Revers en série

Depuis début septembre, les forces russes ont été obligées de reculer sur de nombreux points du front. Elles ont notamment été obligées de fuir la région de Kharkiv (nord-est) et de reculer dans celle de Kherson.

Confronté à ces revers face à une armée ukrainienne galvanisée et forte des approvisionnements en armes occidentales, le président Poutine a décrété fin septembre la mobilisation de centaines de milliers de réservistes, des civils donc, pour inverser la tendance.

Il a aussi décrété l’annexion de quatre régions ukrainiennes bien que Moscou ne les contrôle que partiellement.

L’Ukraine a elle revendiqué la reprise de milliers de kilomètres carrés depuis début septembre et le lancement de sa contre-offensive en plusieurs points du front.

Moscou (AFP)

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