
Le Monde – « J’ai signé plus de ballons de hat-tricks pour toi que de contrats. » A l’image d’Aymeric Laporte, les joueurs de Manchester City ont rapidement pris l’habitude, comme le veut la tradition, de dédicacer le ballon du match en hommage aux triplés de leur coéquipier Erling Haaland. Dimanche 2 octobre, face à Manchester United (6-3), l’attaquant de 22 ans venait d’inscrire trois buts dans la même rencontre pour la troisième fois de la saison en seulement huit apparitions dans le championnat anglais de football. Jamais un joueur n’avait atteint cette marque aussi vite en Premier League, la première division britannique.
Arrivé cet été en provenance du Borussia Dortmund, le Norvégien a mis peu de temps pour confirmer son talent. « On avait envie de savoir si Haaland était juste un très grand avant-centre d’un club européen moyen ou s’il était capable de s’imposer dans un des cinq meilleurs clubs du monde », admet Jean-Luc Arribart, consultant spécialiste de la Premier League pour Canal+.
Ses statistiques plaident pour la seconde option. Auteur d’un nouveau doublé contre Copenhague (5-0), mercredi en Ligue des champions, Erling Haaland cumule 19 buts en seulement douze matchs toutes compétitions confondues. Un total qu’il pourrait améliorer, samedi 8 octobre, contre Southampton, pour la dixième journée de championnat. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Ses statistiques sont effrayantes, louait son entraîneur, Pep Guardiola, après le succès contre Manchester United. A son âge, il n’y a pas un joueur qui puisse le concurrencer. Pas un. »
Un changement de système pour l’intégrer au mieux
Au-delà du talent du grand blond (1,95 m), son intégration expresse à un nouveau club et à une nouvelle ligue a impressionné. « Ce qui est surprenant, c’est cette faculté d’adaptation dans un laps de temps très court, insiste Patrick Guillou, consultant BeIN Sports de la Bundesliga (première division allemande) et la Ligue des champions. Il a peut-être été aidé par son père qui connaissait l’environnement de la ville et du club. »
Né à Leeds (Royaume-Uni) pendant la carrière professionnelle de son père Alf-Inge, Erling Haaland a suivi les traces de son paternel en rejoignant, dix-neuf ans plus tard, Manchester City. Si aucun montant n’a été dévoilé, l’indemnité de transfert avoisinerait 60 millions d’euros. « Certains joueurs portent le poids du montant sur eux. Lui, il ne se pose aucune question », poursuit Patrick Guillou. « Jusqu’ici, tout s’est bien passé. C’est un système très compliqué. J’ai essayé de rentrer dans l’équipe et de l’assimiler aussi vite que possible », confirmait le néo-Mancunien, le 10 septembre, sur la chaîne américaine Telemundo Deportes.
S’immiscer dans un collectif aussi fort et huilé que celui des Citizens n’était pourtant pas si simple. Pep Guardiola prônait depuis quelques saisons un système sans véritable attaquant de pointe avant d’y incorporer Erling Haaland, pur numéro neuf. « La force de Guardiola est d’avoir compris comment il pouvait transformer favorablement cette équipe pour qu’elle soit encore plus forte », admire Jean-Luc Arribart.
Redoutable buteur dans chaque club où il est passé (135 buts en 182 matchs avec Bryne, Molde, Salzbourg et Dortmund), Haaland est sublimé, chez les doubles champions d’Angleterre en titre, par des joueurs « à la qualité intrinsèque supérieure à ceux de Dortmund », assure Patrick Guillou.
Un peu de Zlatan, de Mbappé et de Lewandowski
Servi notamment par Kevin de Bruyne, Bernardo Silva ou Phil Foden, le Scandinave n’a plus qu’à mettre à profit ses dons de buteur. « Il est toujours au bon endroit au bon moment. Pas une seconde trop tôt, pas une seconde trop tard, décryptait Pep Guardiola, le 6 septembre, après une victoire contre Séville (4-0). Il l’a dans ses gènes, il a un instinct naturel pour marquer des buts. Il est toujours là au bon moment, c’est sa grande vertu. » « C’est incroyable. Je n’ai jamais vu ça de ma vie. Sur le premier et le deuxième but [contre Copenhague], j’étais juste en train de rigoler, glissait, cette semaine, son coéquipier Jack Grealish. Le gardien adverse m’a dit : “Il n’est pas humain.” »
Son but aérien et acrobatique offrant la victoire aux Skyblues contre Dortmund (2-1), le 14 septembre, en est l’illustration. Il rappelait un certain Ibrahimovic. « Par sa taille, sa coordination et sa puissance athlétique, Haaland ressemble à Zlatan, décrit justement Jean-Luc Arribart. Par sa vitesse, il ressemble à Kylian Mbappé et par son sens du but, il ressemble à Robert Lewandowski. » Des qualités auxquelles il faut ajouter un mental froid, presque robotique, qui lui vaut le surnom de « cyborg ».
Erling Haaland peut et devrait élargir sa palette technique au côté de Guardiola : « Il doit se bonifier dans certaines situations, notamment dans le jeu dos au but, estime Patrick Guillou. Mais je pense qu’il n’a pas atteint son plafond de verre. »
Source : Le Monde
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