Qui sont les trois lauréats du prix Nobel de la paix ?

Deux organisations non gouvernementales, la russe Memorial et l’ukrainienne Centre pour les libertés civiles, ainsi que l’opposant biélorusse Ales Bialiatski ont été récompensés vendredi à Oslo du prix Nobel de la paix.

Le Monde – Dans un choix hautement symbolique en faveur de la « coexistence pacifique », le Nobel de la paix a couronné, vendredi 7 octobre à Oslo, deux organisations non gouvernementales (ONG), la russe Memorial et l’ukrainienne Centre pour les libertés civiles, ainsi que l’opposant biélorusse Ales Bialiatski. Qui sont ces trois « champions des droits humains » en Ukraine, en Russie et en Biélorussie ?

  • Ales Bialiatski, militant politique biélorusse toujours incarcéré

 

Initiateur du mouvement démocratique qui a émergé en Biélorussie au milieu des années 1980, Ales Bialiatski, âgé de 60 ans, est un militant politique incarcéré depuis juillet 2021, connu pour son travail à la tête de Viasna, la principale organisation de défense des droits humains dans le pays.

Le militant avait été arrêté pour « évasion fiscale », affaire perçue comme une vengeance du président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994 et qui muselle toute forme de critique à coups d’arrestation ou de matraque, depuis le vaste mouvement de contestation post-électoral de l’été 2020, qui a fait trembler son régime.

Pendant des semaines, des dizaines de milliers de Biélorusses étaient descendus dans la rue pour protester contre la réélection pour un sixième mandat du chef de l’Etat. A leur côté, Viasna recensait les arrestations, les accusations de torture en prison et les blessés.

Ales Bialiatski avait déjà été incarcéré pour des motifs fiscaux pendant près de trois ans, de 2011 à 2014. Son arrestation était alors intervenue quelques mois après une élection présidentielle qui avait également donné lieu à des manifestations d’opposition sévèrement réprimées.

Après avoir maté les manifestations de l’été et de l’automne 2020, le régime biélorusse s’en est pris aux médias et organisations jugées critiques, incarcérant pour divers motifs leurs dirigeants ou de simples militants. Viasna et Ales Bialiatski n’ont pas fait exception. « La répression brutale de Viasna n’est qu’une partie de la purge de la société civile décidée par le président Alexandre Loukachenko », notait alors l’ONG Human Rights Watch.

Fondée en 1996 lors de manifestations prodémocratie massives en Biélorussie, Viasna a commencé son travail en apportant une aide aux personnes incarcérées et à leurs proches. Son travail s’est ensuite étendu à la défense des droits humains en général.

 
  • Memorial, la conscience de la Russie bannie par Poutine

Fondée en 1989, l’emblématique ONG russe Memorial a fait la lumière pendant trois décennies sur les purges staliniennes, puis les répressions dans la Russie contemporaine du président Vladimir Poutine, avant d’en être elle-même victime. L’hiver dernier, la justice russe avait prononcé la dissolution de Memorial pour des violations d’une loi controversée sur les « agents de l’étranger », une décision qui avait choqué en Occident comme en Russie et suscité une avalanche de condamnations.

 

La dissolution de ce pilier de la société civile russe, symbole de la démocratisation des années 1990 après l’effondrement de l’URSS, avait précédé de quelques semaines l’offensive en Ukraine. Depuis, le Kremlin a encore accentué la répression des voix dénonçant sa campagne militaire, à coups de milliers d’amendes et de lourdes peines de prison.

Des crimes staliniens aux exactions en Tchétchénie, l’organisation, créée par des dissidents soviétiques, dont le prix Nobel de la paix Andreï Sakharov, faisait autorité par ses enquêtes rigoureuses, notamment sur les exactions de paramilitaires russes en Syrie. Parallèlement, Memorial dressait la liste des prisonniers politiques, leur fournissait une assistance, comme aux migrants et aux minorités sexuelles.

C’est surtout pour son travail en Tchétchénie, république russe du Caucase qui a été le théâtre de deux guerres, que l’ONG s’était fait connaître en Occident, où elle jouissait d’un grand prestige, ayant reçu le prix Sakharov du Parlement européen en 2009.

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Source : Le Monde  avec AFP

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