Une vague de haine s’abat sur la petite sirène noire

M Le Mag  L’actrice afro-américaine Halle Bailey, qui prête ses traits à l’héroïne de Disney, subit un flot de commentaires racistes regrettant la peau blanche et la chevelure rousse de l’Ariel de 1989. Mais les soutiens affluent.

Il aura suffi de quelques secondes, le temps que le visage de Halle Bailey s’affiche à l’écran, pour que les réseaux sociaux s’enflamment. Ariel, la célèbre sirène de Disney, est désormais noire. L’actrice et chanteuse américaine apparaît à la toute fin de la bande-annonce, dévoilée début septembre par la compagnie californienne, d’une adaptation en prise de vues réelles, réalisée par Rob Marshall, du dessin animé de 1989. Depuis, le hashtag #notmyariel charrie son lot de commentaires négatifs – pour beaucoup racistes – qui crient à la trahison et regrettent la chevelure rousse, les yeux bleus et la peau diaphane de la princesse à queue de poisson.

Sur Twitter, une capture d’écran montrant la figure de Halle Bailey blanchie et les traits modifiés a largement eu le temps de ­circuler avant que le compte de son auteur ne soit suspendu. A l’inverse, des vidéos, accompagnées des hashtags ­#representationmatters ou #blackgirl, sont devenues virales, ­notamment sur TikTok. Des enfants, filmés par leurs parents, y affichent un énorme sourire en découvrant la nouvelle héroïne de Disney. « Elle est noire, oh mon Dieu ! », « Yes, yes, yes », s’enthousiasme une fratrie devant la bande-annonce.

Halle Bailey s’est émue du phénomène sur Twitter. « Je suis ­bluffée », a-t-elle réagi. Quant au reste, la jeune femme de 22 ans s’est contentée d’un « ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort ». Connue avec sa sœur pour leur duo de R’n’B Chloe × Halle et pour leur rôle dans la série Grown-ish, elle a déjà dû affronter un déferlement de haine quand, en 2019, a été annoncé qu’elle incarnerait Ariel. En août, elle expliquait au magazine Variety l’importance du soutien de ses grands-parents. « C’était inspirant et magnifique d’entendre leurs mots d’encouragement me disant : “Tu ne comprends pas ce que cela fait pour nous, pour notre communauté, pour toutes les petites filles noires et non blanches qui vont se voir en toi” », a-t-elle raconté.

Un pas significatif pour la diversité

Un avis que partage Stephanie Troutman Robbins, professeure associée à l’université d’Arizona. Coautrice de Race in American Television (Greenwood, 2021, non traduit), elle met en avant le poids des représentations pour les enfants. « Il n’y a qu’à voir la joie de ces petites filles noires à regarder quelqu’un qui leur ressemble dans un rôle qui d’habitude ne leur ressemble pas, souligne-t-elle. C’est fondamental. Même si des gens ont du mal avec ça, avoir une littérature jeunesse et des films pour enfants plus représentatifs va dans la bonne direction, y compris pour les enfants blancs qui ne vivent pas dans un environnement multiculturel. » En 2020, selon un sondage du National Research Group, deux Afro-Américains sur trois jugeaient que leur vie n’était pas correctement représentée à l’écran et 74 % des personnes interrogées assuraient qu’un contenu inclusif était un facteur déterminant pour regarder un programme.

 

Disney ne s’y est pas trompé. L’entreprise de Burbank, qui a pu être attaquée par le passé pour le manque de diversité de ses personnages, fait là un pas significatif. Jusqu’à présent, une seule de ses princesses était noire, Tiana dans La Princesse et la Grenouille, un film d’animation de 2009. « Et encore, c’est une grenouille pendant plus de la moitié du film », rappelle Stephanie Troutman Robbins. « Là, ils ont délibérément sélectionné un de leurs personnages iconiques, ajoute-t-elle. Ariel, ce n’est certes ni Blanche-Neige ni Cendrillon, mais elle fait partie de leur répertoire de princesses. Indépendamment de sa couleur de peau, il y a un aspect universel de ce personnage : celui d’une jeune fille qui souhaite son indépendance, veut changer sa vie et est confrontée aux conséquences de ses actes. En ce sens, le choix de Disney est sans aucun doute ­intéressant et je suis sûre qu’ils prennent un risque calculé. »

 

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Raphaëlle Besse Desmoulières

Source : M Le Mag

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