UNICEF Mauritanie – Mesdames, Messieurs les dirigeants du Monde,
Mon école est toute blanche. Elle s’étend sur plusieurs mètres. Ses murs portent de jolis dessins d’enfants souriants et se tenant la main comme pour montrer la fraternité qui peut exister dans une école. Notre école a été construite exclusivement à partir de matériaux locaux à l’aide du savoir-faire d’entreprises locales aidées par les parents d’élèves. Notre école dispose même de toilettes à la portée de tous les enfants qu’il s’agisse de filles ou de garçons.
Dans cette école, il y a une cour. Une grande cour avec des marques sur le sol nous permettant de repérer notre classe. Il y a même des paniers de basket dans lesquels filles et garçons pouvaient pendant le cours d’éducation physique et sportive, marquer leurs plus beaux points.
Dans mon école, nos professeurs sont si passionnés, qu’ils nous proposent d’apprendre à lire en chantant. Nous trouvons cela si ludique que nous sommes tous assoiffés de lecture. Notre professeur de mathématique nous enseigne parfaitement bien la géométrie au point de vouloir devenir tous professeurs de mathématique plus tard.
Pendant le cours d’anglais, nous pouvons visualiser des vidéos et discuter ensuite de ce que nous avons vu et le tout en langue anglaise. Nous commettons des fautes mais notre enseignant est toujours là pour nous reprendre, et nous aider à comprendre nos erreurs en nous proposant les meilleurs cours de grammaire. Une fois par mois, nous avons la possibilité d’échanger avec d’autres élèves se trouvant au Ghana, au Nigeria, aux Etats-Unis, au Royaume Uni ou en Australie. J’adore le cours d’anglais ! C’est le même procédé d’enseignement, que ce soit pour l’arabe, le français et toutes les autres langues que nous sommes amenés à étudier. Dans mon école, nous avons la chance de participer à des initiations aux langues locales comme le pular, le hassanya, le wolof ou encore le soninké. Nous sommes heureux car nous sommes nombreux à parler ces langues à la maison. Et les étudier à l’école nous permet de nous comprendre davantage les uns les autres.
Dans mon école, on nous apprend à devenir grand. Les enseignants nous disent que c’est grâce à l’école que nous pourrons travailler plus tard et changer les choses dans notre pays.
Dans mon école, on nous apprend à protéger notre planète et à bien s’informer. Dans mon école, il y a des « clubs scolaires ». Ce sont des créneaux qui nous sont accordés pour débattre et s’informer et participer à des activités parascolaires en sensibilisant notre communauté sur certaines thématiques. Une fois nous avions abordé le thème de la psychologie de l’élève. Nous avons conclu sur l’idée qu’il était important de prendre en compte la psychologie et l’état émotionnel de chaque élève pour assurer un meilleur enseignement.
Dans mon école, on nous apprend le respect de l’autre et que nous sommes Tous égaux. Peu importe d’où on vient, peu importe qui nous sommes, peu importe que l’on soit un garçon ou une fille, peu importe les revenus de nos parents.
D’ailleurs mon école est gratuite.
Dans mon école, il y a une cantine. Dans cette cantine nous avons la chance de profiter d’un déjeuner par jour avec ce qu’il faut pour couvrir notre apport nutritionnel journalier. Il y a de la viande ou du poisson en fonction des jours, il y a des légumes et des fruits. J’adore les plats qui sont servis à la cantine.
Dans mon école, les enseignants et nos parents se rencontrent régulièrement pour faire le point sur notre éducation. Ils s’accordent sur une continuité éducative entre l’école et la maison. Grâce à ce procédé, ma tante peut m’aider à utiliser ma tablette à distance ou encore à réaliser mon exercice de français.
Pendant le confinement, mon école a mis à notre disposition des tablettes nous permettant de travailler à distance. Je pouvais réaliser mes exercices et les envoyer à mes professeurs sans avoir à me déplacer. C’était magique.
Dans mon école, il fait bon à vivre. J’aime mon école.
Mais dans mon école j’ai les yeux fermés. Car mon école n’existe que dans mes pensées. La seule chose qui existe vraiment c’est l’espoir d’accéder un jour à l’école de mes rêves.
En ouvrant les yeux, la réalité est autre. Je vous écris de mon école … Mes voisines, Aicha, Fatou et Mana, elles, n’ont pas cette chance ! Elles ne sont jamais allées à l’école car leurs parents n’ont pas jugé cela nécessaire.
Dans ma classe, il y’a des élèves de plusieurs niveaux ! Le maître est sympathique mais n’arrive pas toujours à bien expliquer la leçon à mes camarades moins bons en langue.
Dans les deux classes d’en face, les cours ne sont pas toujours assurés. Les enseignants sont souvent absents ; malades dit-on ou tout simplement en voyage.
Dans mon école, nous n’avons pas de toilettes spéciales pour les filles. Dans mon école, certains enfants n’ont jamais de gouter. Dans mon école, c’est souvent très difficile.
Mesdames, Messieurs , les dirigeants du monde,
Je veux transformer mon école. Je veux que vous transformiez mon école.
Je veux que mon rêve devienne réalité et que mes besoins et mes aspirations puissent un jour relever du passé.
Et qu’en ouvrant les yeux demain, mon école soit celle dont j’ai rêvé.
Une jeune fille qui aspire à une école meilleure
Source : UNICEF Mauritanie (Le 16 septembre 2022)
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