Pourquoi des millions de personnes sont en deuil d’une personne qu’ils ne connaissaient pas

Que sait-on du deuil public?

Slate – La mort de la Reine Elizabeth II à l’âge de 96 ans a ému tout le Royaume-Uni et plus largement une partie du monde. Que ses proches amis et sa famille soient en deuil n’a rien d’étonnant mais qu’est-ce qui pousse des milliers d’Anglais à faire la queue des heures pour apercevoir le corps de leur défunte Reine, qu’est-ce qui leur provoque tant de tristesse ? Peut-on être en deuil d’une personne que l’on n’a jamais rencontrée ? La journaliste Katharine Sanderson s’interroge dans le magazine Nature.

En se tournant vers la recherche scientifique pour comprendre ce phénomène, on constate que la plupart des études sociologiques consacrées au deuil sont orientées vers la perte de parents, conjoints ou amis. Mais pour le professeur Michael Cholbi, philosophe à l’université d’Edinburgh: «Les relations parasociales –celles à sens unique vers une célébrité– peuvent mener au deuil. Il n’y a pas de raison de penser que le deuil n’a de sens que dans le cadre d’une relation réciproque

Certaines explications pourraient se trouver du côté de la théorie du «monde présumé» établie par Ronnie Janoff-Bulman. Cette théorie suggère que chaque individu ancre son monde sur un certain nombre de postulats forts. Ainsi, quand une personne célèbre comme la Reine décède, cela vient perturber la vision même que l’on a du monde et de l’un de ses piliers. Cela peut donc provoquer tristesse, déni, etc.

Quelque part, une partie de l’identité de chacune de ces personnes en deuil est basée sur l’existence de figures publiques majeures. Elles permettent de se rassembler autour de valeurs communes ou d’éprouver de l’admiration, un carburant pour perpétuer ses valeurs. En se construisant en grande proximité avec certaines icônes, on peut, à leur disparition, éprouver le sentiment de perte d’une petite partie de soi.

 

Beaucoup de choses restent à découvrir concernant le deuil et son fonctionnement, y compris dans notre cerveau. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le deuil de certains Anglais est réel car il ressentent la perte d’une partie d’eux-mêmes, d’une partie de leur identité.

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Repéré par Nina Pareja

Repéré sur Nature

Source : Slate (France)

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