Le Monde – Depuis le 12 septembre, l’ancien directeur de la police judiciaire parisienne, Bernard Petit, doit s’expliquer devant la 11e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris.
Dans ce dossier à tiroirs, qui rassemble dix-neuf prévenus, l’ancien patron du « 36 » est poursuivi, depuis février 2015, pour « violation du secret de l’instruction » et « recel d’informations ». La justice le soupçonne d’avoir fait fuiter, par le biais d’intermédiaires, des informations concernant une enquête sur une affaire de corruption dans l’octroi de titres de séjour impliquant l’« escroc des stars » Christophe Rocancourt, mais aussi Christian Prouteau, ancien préfet et fondateur du GIGN, et l’ancien secrétaire d’Etat Kofi Yamgnane.
2014 : vol stupéfiant
Fin juillet 2014, en pleine nuit, 48,5 kilos de cocaïne entreposés à la PJ disparaissent des scellés. Les images de vidéosurveillance permettent d’identifier un suspect, Jonathan Guyot, arrêté le 2 août. Ce policier des stups jouissait d’un agréable train de vie, avec plusieurs appartements achetés à Paris et dans les Pyrénées-Orientales.
Si la drogue n’a pas été retrouvée, d’importantes sommes qu’il avait confiées à des proches ont été saisies. Pour essayer, en détention, de retrouver une partie de son pactole, le policier s’était même adjoint les services de l’escroc récidiviste Christophe Rocancourt (toujours lui). En mars 2017, malgré ses dénégations, Jonathan Guyot a été condamné à dix ans de prison.
2014 : version contre version
Emily Spanton (au centre) à la sortie de l’audience du 14 janvier 2018, à Paris.
Dans la nuit du 23 avril 2014, une touriste canadienne sort du « 36 », chaussures à la main, en larmes. Emily Spanton dit avoir été violée par des policiers. Quelques heures auparavant, la trentenaire a bu des verres et flirté avec des fonctionnaires de l’institution.
A l’issue d’un premier procès, en 2019, deux policiers de la brigade de recherche et d’intervention sont condamnés à sept ans de prison par la cour d’assises de Paris, qui estime leurs « dépositions évolutives, fantaisistes et peu crédibles », contrairement à la version de la plaignante, confortée par des « éléments scientifiques et techniques ». Revirement total trois ans plus tard : le 22 avril, la cour d’appel d’assises de Paris s’appuie sur de « nombreuses inexactitudes, imprécisions, voire plusieurs mensonges » d’Emily Spanton, pour acquitter les policiers.
Source : M Le Mag du Monde – Le 15 septembre 2022
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