« Le show du mercato fait oublier le cynisme du marché des joueurs de football »

Compétition plus économique que sportive, le marché des transferts, qui s’est terminé la semaine dernière, accentue les inégalités entre clubs.

 Le Monde – Ouf, le mercato est fini ! Trois mois de spéculations et de rumeurs, qui, à elles toutes, ont produit des millions de combinaisons d’équipes imaginaires. Panini va pouvoir imprimer ses vignettes de joueurs sans risque de se tromper de maillot – hormis pour quelques « jokers médicaux » et départs pour les championnats dont les marchés sont encore ouverts.

Le sprint final a été suivi minute par minute dans des « lives » lancés des jours avant le coup de gong de 23 heures, jeudi 1er septembre. Il a connu son lot de coups de théâtre : transferts non enregistrés à temps à cause d’un bug informatique, négociations rompues subitement, achats de dernière minute…

Le mercato, c’est tout un folklore. L’incontournable visite médicale peut tout faire capoter pour une ombre sur une IRM de la cheville. Pour aller de Leicester à Chelsea, Wesley Fofana a dû effectuer la sienne à New York, chez les propriétaires du club londonien. VO2max [quantité maximale d’oxygène que l’organisme peut utiliser par unité de temps] et CO2 au maximum.

L’examen a été fatal à Bamba Dieng. L’attaquant sénégalais devait s’envoler pour Leeds, mais s’est ravisé en faveur de Nice avant de voir son transfert annulé pour une suspicion de blessure. Il est de retour à l’OM, qui le poussait dehors sans ménagement.

 

Mensonges et vidéos

 

Après les échographies viennent les désormais rituelles, voire sempiternelles, vidéos de présentation des joueurs diffusées par les clubs, et autres poses avec le maillot floqué de l’année de fin de contrat – aussi illusoires soient-elles.

Les transferts forment un pan entier de l’actualité footballistique, et donnent du grain à moudre en période creuse. Une rumeur y est une information, puisqu’elle existe, fût-elle lancée par un agent désireux d’attirer l’attention sur son poulain ou de faire monter les enchères.

Beaucoup de coups sont permis. L’Equipe rapporte la fausse piste lancée sur un autre joueur par le président de l’OM, Pablo Longoria, afin d’accélérer les négociations avec Lens pour le latéral Jonathan Clauss.

Les deux nouveaux patrons sportifs du PSG ont envoyé deux offres différentes pour le même joueur

 

Au registre des gags, les deux nouveaux patrons sportifs du PSG, Luis Campos et Antero Henrique, ont envoyé deux offres différentes pour le même joueur. Au moins le PSG, contraint d’élaguer un effectif pléthorique, a-t-il réussi à vider son « loft » – peu glorieuse pratique consistant à reléguer les indésirables à l’écart du groupe.

Même Mauro Icardi, désormais plus célèbre pour ses qualités devant un barbecue que devant le but, devrait filer en Turquie et quitter à regret Paris, capitale mondiale du tourisme de luxe. Statut auquel ne peut prétendre Manchester : Cristiano Ronaldo doit y rester, faute d’avoir été désiré ailleurs.

 

Certains supporteurs se réjouissent d’arrivées prometteuses. D’autres livrent des audits scrupuleux de la qualité de l’effectif et de l’intérêt économique des opérations réalisées. Analystes financiers, tacticiens, experts en règlements sportifs : on sous-estime les compétences des passionnés de football.

Empilement de joueurs

 

Il faut savoir calculer les futurs bonus indexés sur certains objectifs sportifs. Evaluer le juste montant d’un transfert en fonction de l’âge, des années de contrat restantes, des statistiques, de l’amortissement. Estimer la nouvelle masse salariale du club, la confronter aux exigences comptables des instances. Jauger le montant de l’option d’achat à l’issue du prêt d’un joueur.

Le show du mercato fait oublier l’économie cynique du marché des joueurs, transformés en actifs spéculatifs qu’il faut revendre à profit. On banalise l’iniquité sportive de cette fenêtre qui reste ouverte après le début des championnats, et rouvre en hiver en permettant aux grands clubs de corriger leurs erreurs.

On oublie que le mercato creuse les écarts économiques entre clubs et entre championnats. La Premier League anglaise a investi plus de 2 milliards d’euros cet été, soit presque autant que les élites italienne, espagnole, allemande et française réunies…

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Source : Le Monde

 
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