Mauritanie : le gouvernement de Ould Bilal face à une crise multidimensionnelle

Entre des manifestations à Nouakchott et dans les régions contre la hausse du prix des carburants, du pain et des denrées alimentaires et la grogne des pêcheurs artisanaux d’une part et d’autre part le mécontentement de l’opposition qui réclame le retour du pouvoir à la table des négociations et la loi controversée d’orientation sur l’éducation adoptée par le parlement. Le gouvernement est ainsi fragilisé à la veille des législatives municipales et régionales.

Les Mauritaniens sont confrontés depuis la pandémie covid-19 à une flambée des prix des denrées alimentaires. Face à cette crise malgré des mesures sociales pour les familles pauvres, le gouvernement n’a pas réussi à faire baisser les prix. Une situation à laquelle s’ajoute depuis plus de deux mois la hausse du prix du gazole et de l’essence dont les conséquences sur la hausse de 30 pour cent du transport sont devenues insupportables pour les citoyens qui descendent dans la rue à Nouakchott et dans les régions.

Une crise imputée par le gouvernement aux conséquences de la guerre en Ukraine. Une version officielle qui cache une mal gouvernance de l’agriculture abandonnée entre les mains d’investisseurs nationaux et étrangers au détriment des vrais propriétaires terriens.

L’urgence pour le gouvernement c’est de limiter la casse sociale en bloquant les prix des carburants et du pain pour faire face à la colère des citoyens et des pêcheurs qui s’estiment lésés par la dîme de 450 ouguiyas pour chaque tonne de poissons débarqués. Sur le plan politique le climat est tendu avec la suspension unilatérale du dialogue politique qui perdure et l’adoption cette semaine de la loi d’orientation sur l’éducation par le parlement continue de susciter des polémiques et l’indignation de la composante négro-africaine qui voit s’éloigner l’officialisation et l’enseignement de leurs langues maternelles.

Deux grosses pierres dans la chaussure de Ould Ghazouani à la veille des élections de 2023 qui semblent être la principale préoccupation du gouvernement face à la crise multidimensionnelle qu’il traverse depuis 2019.

 

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste