Mauritanie : l’adoption de la loi d’orientation sur l’éducation, une victoire à la Pyrrhus des extrémistes arabes

Pas de surprise à l’Assemblée nationale. Face à l’histoire les parlementaires ont pris leurs responsabilités en adoptant la loi controversée d’orientation sur la réforme du système éducatif. Pour les observateurs c’est un deuxième coup de poignard à la cohabitation après la réforme de 1991 sous le régime de Ould Taya.

Après plus de 6 mois d’attente d’une réforme structurelle du système éducatif, les Mauritaniens replongent dans la division avec une ferme volonté d’arabisation à outrance. L’adoption de la nouvelle loi d’orientation sur l’éducation par le parlement s’inscrit dans une logique de politique assimilationniste qui ne date pas d’aujourd’hui depuis pratiquement l’indépendance en 1960. Ce statu quo risque de basculer la Mauritanie dans une spirale de violences.

Les écoliers non arabophones vont désormais apprendre l’arabe au détriment de leurs langues maternelles pulaar, soninké et ouolof dans toute la vallée. Et inversement les écoliers arabophones apprendront les LN au Nord, au centre et à l’Est. C’est le prix à payer pour l’introduction des LN dans l’enseignement.

C’est une parodie de réforme à géométrie variable pour satisfaire la petite frange des nationalistes arabes sous la houlette des Baathistes et des Nasséristes qui viennent de faire peau neuve. Les députés de la majorité ont pris donc leurs responsabilités face à l’histoire en poignardant une seconde fois la cohabitation après la réforme de 1991 sous le régime de Ould Taya qui avait mis fin à la première expérience réussie de l’enseignement des langues nationales, saluée par l’UNESCO et les voisins maliens et sénégalais.

C’est donc un retour à la case de départ qui annonce de fortes mobilisations des associations nationales culturelles en première ligne l’Organisation pour l’officialisation des LN, les mouvements citoyens, la société civile derrière l’opposition qui va reprendre difficilement un dialogue auquel elle n’y croit plus.

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste