Joe Biden renoue avec Mohammed Ben Salman mais repart les mains vides

Le président américain a rencontré à Djedda le prince héritier saoudien, malgré sa promesse de le traiter en paria après la mort du journaliste Jamal Khashoggi. Il n’a obtenu aucune garantie quant à une augmentation de l’offre mondiale de pétrole.

Le Monde – « Si vous voulez obtenir quelque chose au Moyen-Orient, vous ne pouvez ignorer l’Arabie saoudite. » La formule, reprise comme un mantra par les éditorialistes et commentateurs du royaume saoudien depuis des années, a pris un relief particulier au terme de la visite de vingt-quatre heures effectuée par Joe Biden, vendredi 15 et samedi 16 juillet.

 

Le président américain est reparti après un sommet à Djedda durant lequel il a assuré à neuf chefs d’Etat de la région – les six membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn), ainsi que l’Egypte, la Jordanie et l’Irak – que son pays « ne se détournerait pas » du Moyen-Orient, en laissant « un vide que pourraient remplir la Chine, la Russie ou l’Iran ».

Les Etats du Golfe restent en effet dubitatifs par rapport aux engagements à long terme des Etats-Unis, qu’ils ne considèrent plus comme un rempart fiable face à leur rival iranien. L’administration Biden a de fait concentré l’essentiel de son énergie en matière de politique étrangère à faire face à la Chine, puis à la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine.

 

Washington cherche depuis à compenser son désengagement par un « parapluie israélien » qui verrait l’Etat hébreu mettre sa puissance militaire et technologique à la disposition des Etats prêts à s’allier à lui et rejoindre une alliance de défense régionale émergente contre Téhéran.

 

Pas de reconnaissance d’Israël par l’Arabie saoudite

Le résultat semble mitigé au sortir de cette visite. Riyad a décidé de s’en tenir pour l’instant à des relations informelles avec Tel-Aviv quand les Emirats arabes unis usent d’une rhétorique beaucoup plus prudente que leur nouvel allié israélien vis-à-vis de l’Iran.

Le face-à-face entre le président américain et le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman, dit « MBS », était, lui, particulièrement attendu. Alors qu’il avait promis de traiter le prince héritier saoudien en « paria » après l’assassinat du journaliste et dissident saoudien Jamal Khashoggi en 2018, le chef d’Etat américain a dû se renier.

 

A son arrivée à la Maison Blanche, Joe Biden, qui se disait déterminé à rompre avec la complaisance envers les autocrates pratiquée par Donald Trump, ne cachait pourtant pas son inimitié envers « MBS », qui a été désigné par la CIA comme le donneur d’ordre des assassins du journaliste dans l’enceinte du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.

Le président américain avait même refusé de rencontrer, et même de parler, au dirigeant de facto de l’Arabie saoudite. Cette résolution a pris fin vendredi. Si les deux hommes ont discuté de l’affaire, selon des responsables des deux pays, la conversation a donné lieu à des comptes rendus sensiblement différents côtés américain et saoudien.

Interrogé par des journalistes, M. Biden a assuré avoir mis « MBS » face à ses responsabilités dans ce qu’il aurait qualifié de meurtre « scandaleux » au début de leur discussion. « J’ai exprimé mon point de vue très clairement », a déclaré le président américain, critiqué quelques heures plus tôt par les défenseurs des droits humains et par la veuve de Jamal Khashoggi après avoir échangé un « check » avec le prince saoudien.

Des promesses mais pas d’annonces concrètes

Adel Al-Jubeir, ministre d’Etat saoudien aux affaires étrangères, a, de son côté, décrit un échange moins conflictuel sur les droits de l’homme, au cours duquel le meurtre n’aurait été que brièvement mentionné. Le prince héritier aurait même souligné « le double langage des Américains, faisant beaucoup de bruit à propos de Khashoggi, tout en essayant de minimiser l’assassinat de Shireen Abu Akleh », journaliste américano-palestinienne tuée en mai par un tir israélien, selon Ali Shihabi, un expert proche du gouvernement saoudien. « A part cet échange franc, la réunion a été très cordiale », a-t-il assuré à l’AFP.

Il faut dire que Riyad reste l’un des plus proches partenaires stratégiques de Washington pour une raison qu’aucun président américain ne peut ignorer : le pétrole, dont le prix s’est renchéri depuis le début de la guerre en Ukraine. Alimentant une inflation galopante dans le monde alors que la hausse du gallon d’essence est un enjeu considérable à quelques mois des élections de mi-mandat aux Etats-Unis.

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Madjid Zerrouky

 

 

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Source : Le Monde

 

 

 

 

 

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