CAN 2023 : la Confédération africaine de football étudie la possibilité de décaler la compétition

Prévue en pleine saison des pluies, la Coupe d’Afrique des nations pourrait être décalée à l’hiver où le temps est plus clément.

Le Monde – C’est une histoire d’eau. Trop d’eau, qui pourrait bien « gâter » la fête. La prochaine édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) est censée se tenir en Côte d’Ivoire dans un peu moins d’un an, du 23 juin au 23 juillet 2023. Autrement dit en pleine saison des pluies qui s’étend d’avril à début juillet, selon l’agence météorologique ivoirienne Sodexam.

Durant cette période, il peut tomber dans le sud-est du pays – où se situent Abidjan et deux des six stades retenus pour la compétition – jusqu’à 640 mm de précipitations, soit l’équivalent d’une année de pluie sur Paris. « C’est la normale climatologique sur les trente dernières années », explique Daouda Konaté, directeur de la météorologie de la Sodexam. Pour 2022, la normale a été largement dépassée.

 

« Selon nos données, il a déjà plu 903 mm d’avril à juin sur Abidjan, alors même que la saison des pluies n’est pas encore terminée », précise Anthony Mocaër, responsable de HD Rain Côte d’Ivoire, une start-up française, spécialiste des prévisions météo qui collabore avec la Sodexam.

Des torrents d’eau se sont ainsi abattus sur la capitale économique ivoirienne ces derniers jours : mardi 21 juin, plusieurs personnes sont mortes dans des inondations après plusieurs heures de déluges. Cette nuit-là, la ville a enregistré près de 200 mm de précipitations.

Pas lieu de polémiquer

Face au risque de jouer les matchs sur des pelouses transformées en étang, la Confédération africaine de football (CAF) étudie la possibilité de décaler sa compétition lors de la saison sèche, en décembre 2023 ou en janvier 2024. « Nous l’envisageons, cela fait partie des possibilités, reconnaît Veron Mosengo-Omba, son secrétaire général, dans une interview au Monde Afrique. Nous avons demandé aux météorologues ivoiriens de nous faire un rapport sur l’historique des précipitations en Côte d’Ivoire en juin et juillet, mais également de nous faire part de leurs projections. »

A Abidjan, cette nouvelle ne surprend pas le président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), Yacine Idriss Diallo, et encore moins Essan Emile Ngoran, directeur exécutif adjoint du Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Cocan). Pour eux, il n’y a pas lieu de polémiquer. « La CAF ne nous a pas sollicités, mais quelle que soit sa décision, nous l’appliquerons, c’est sa compétition. Nous ne sommes pas opposés [à un changement de dates] », indique M. Diallo.

 

« Un report est de la responsabilité de la CAF. Cette situation ne nous met pas dans l’embarras : nous travaillons pour être prêt pour organiser la CAN en juin 2023, c’est un engagement du président Alassane Ouattara, assure M. Ngoran. Dans tous les cas, ce n’est pas la faute de la Côte d’Ivoire si la CAN doit se dérouler en pleine saison des pluies, nous avons hérité d’une situation. »

En 2014, la CAF avait attribué trois Coupes d’Afrique : au Cameroun en 2019, à la Côte d’Ivoire en 2021 et à la Guinée en 2023. L’organisation de l’édition 2019 avait été retirée au pays hôte au bénéfice de l’Egypte en raison du retard pris dans les travaux. La Confédération avait alors procédé à un rééchelonnement du calendrier : le Cameroun en 2021 et la Côte d’Ivoire en 2023, une décision qui n’avait pas plu aux dirigeants ivoiriens de l’époque.

Reprogrammer en hiver ?

Ce n’est pas tout. En 2017, la CAF, présidée à l’époque par le Malgache Ahmad Ahmad, avait choisi de déplacer la Coupe d’Afrique des nations de janvier à juin – ainsi que de passer de seize à vingt-quatre équipes – dès 2019. Pourtant, au début de l’été, il fait très chaud au nord du continent, humide dans le centre et froid dans le sud. Ce changement de périodicité était surtout une manière de satisfaire les clubs européens qui emploient une grande partie des joueurs africains et de ne plus les « pénaliser » en cours de saison.

Reprogrammer en hiver – quand le temps est plus clément – augure de futures brouilles avec ces puissantes écuries représentées par l’Association européenne des clubs (ECA), très hostile à un tournoi organisé à cette période de l’année. Elle n’avait d’ailleurs pas caché son ressentiment lors de la dernière CAN qui a eu lieu au Cameroun entre janvier et février – la compétition avait été déplacée à cause de la pandémie de Covid-19 –, les clubs allant jusqu’à menacer de ne pas libérer leurs joueurs internationaux.

 

Une éventuelle modification de calendrier implique donc pour Veron Mosengo-Omba, le secrétaire général de la CAF, « des discussions avec l’Etat ivoirien, le Cocan et l’ECA ». « Si un changement de dates est décidé, il faut aller vite. Il va y avoir un comité exécutif de la CAF le 3 juillet au Maroc et le sujet y sera très probablement abordé, souligne-t-il. Au mois d’août, une assemblée générale est également prévue. Il faut que les dates définitives de la CAN 2023 soient connues cet été. »

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Source : Le Monde   – Le 28 juin 2022)

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